« Chaque dossier ne commence pas par une tentative de suicide d’un adolescent », lançait la présidente de l’audience correctionnelle au tribunal de Rouen, mercredi 24 septembre, à l’adresse d’un couple de prévenus. Lui est entrepreneur, elle employée de commerce. Mariés et parents de quatre enfants, ils sont accusés d’avoir commis des violences sur deux d’entre eux, entre 2019 et avril 2025 près de Yerville : une jeune fille de 15 ans et un garçon de 13 ans.
Gifles, cheveux tirés, insultes
C’est après une tentative de suicide par prise de médicaments de l’adolescente que le CHU de Rouen a alerté les services sociaux. Elle a été placée provisoirement pendant deux semaines. La jeune fille décrit une violence permanente à la maison : des gifles, des insultes, des coups de pied aux fesses et des tirages de cheveux. Son petit frère rapporte lui aussi des violences aux enquêteurs, mais nuance les propos de sa sœur. Selon lui, elles étaient plus rares et moins violentes. A la barre, les parents ne nient pas l’ensemble des faits, mais les minimisent. Ils reconnaissent quelques claques lorsque leur fille « répond, manque de respect ou les pousse à bout ». « J’ai pris conscience du problème, j’ai reproduit l’éducation que j’ai eue », confie la mère. « J’essaie de les éduquer du mieux que je peux. » Depuis, la jeune fille a repris ses études et « cela se passe bien à la maison », assurent les parents.
« J’ai l’impression que le tribunal
est pris en otage »
Fait assez rare, à l’issue des réquisitions du substitut du procureur, des plaidoiries de la partie civile mais aussi de la défense, la présidente, agacée par le comportement des parents, reprend la parole. « Moi, j’ai l’impression que le tribunal est pris en otage », avance-t-elle. « Qu’est-ce que je fais de cette gamine qui est de retour chez ses parents ? Il faut que vous preniez conscience que la procédure n’est pas anodine. » La magistrate exprime ses doutes quant à la sécurité des enfants et souhaite provoquer une prise de conscience. Elle évoque même la suspension de l’exercice de l’autorité parentale.
Finalement, le couple est condamné à une peine de prison avec sursis simple : 12 mois pour la mère, 8 mois pour le père. « Ce soir, je reste inquiète », conclura la présidente avant d’appeler le dossier suivant.