Amputé de ces deux cristallins, Christophe vit désormais avec des implants dans les yeux. / PHOTO BLANDINE FRAYSSE
« Je vous informe que je cesserai mes activités à compter du 23 décembre 2025 au sein de mon cabinet d’ophtalmologie, en raison de mon départ à la retraite. Mon successeur(e) vous sera communiqué sur le répondeur du cabinet prochainement et sera en mesure de vous offrir une prise en charge à l’avenir. Cela a été un plaisir de vous accompagner dans votre parcours de santé. Je vous souhaite le meilleur pour la suite ».
Ces quelques lignes laconiques envoyées ce vendredi midi par le docteur C. via la plate-forme de prise de rendez-vous Doctolib n’ont pas manqué de surprendre une partie de sa patientèle, mais n’ont guère étonné Christophe, Danielle ou Elsa, 3 des ex-patients de ce praticien installé dans le 5e arrondissement de Marseille, qu’ils accusent de les avoir rendus malvoyants.
Chris, l’une des premières victimes à avoir mis en cause les pratiques du docteur C., à l’époque où il pouvait supporter les lumières et les lasers des soirées festives qu’il animait en tant que DJ professionnel. Blandine FRAYSSE »Des interventions inutiles et aggravantes »
La veille, nous avions recueilli dans les colonnes de La Provence, les témoignages du Varois et des deux Bucco-rhodaniennes dont la vie a basculé après leur passage par le cabinet de l’ophtalmologiste du boulevard Baille, des diagnostics erronés et des opérations superflues aux conséquences catastrophiques.
Depuis, leur avocat bordelais Me Philippe Courtois assure avoir reçu « une quinzaine d’appels d’anciens patients du docteur C. qui m’ont contacté suite à une prise en charge par ce praticien et des pertes de vision. Le process est toujours le même : des interventions qui étaient inutiles et qui ont conduit à aggraver la situation pour lesquelles ils venaient en consultation ».
« La meilleure décision qu’il ait prise »
Quant à la cessation d’activité annoncée par le docteur C., Me Courtois y voit » sûrement la meilleure décision qu’il a prise après avoir exercé pendant des années et commis l’irréparable sur plusieurs patients. Sa conscience professionnelle aurait dû le conduire à prendre cette décision il y a déjà un certain temps, ne serait-ce qu’à partir du moment où l’Ordre des médecins l’avait suspendu ».
En 2024, l’Ordre avait en effet sanctionné le docteur C. d’une interdiction d’exercer pendant 6 mois. Mais l’ophtalmologiste ayant fait appel, il a continué d’exercer normalement jusqu’à ce jour. Une poursuite d’activité qui inspire un vif regret à l’avocat spécialisé dans les dommages corporels, « parce qu’on a aujourd’hui des victimes qui se manifestent avec des interventions postérieures à cette décision. Jusqu’à la semaine dernière, on pouvait encore prendre des rendez-vous avec ce praticien ».
« Même à la retraite, il reste toujours médecin, il peut être poursuivi et radié ».
Et Me Courtois de prévenir : « Même à la retraite, il reste toujours médecin, il peut être poursuivi et radié. Sa propre compagnie d’assurances, sa nouvelle, puisqu’il a été radié de la précédente après un premier dossier de patient, prévoit une franchise de 7 500 euros pour chaque patient. Or nous en sommes déjà à 7 sinistres que nous déclarons à son assurance qui peut faire fi de verser elle-même cette franchise pour se retourner contre le docteur C. ».
Démarrez la conversation
Votre opinion compte pour nous. Rejoignez la communauté laprovence.com en réagissant sur l’article L’ophtalmo marseillais, accusé de dommages corporels par plusieurs patients, annonce sa retraite sur Doctolib.