Il est trop tôt pour prévoir l’importance de l’épidémie de grippe hivernale en France. Il y a cependant un signal d’alarme assez fiable : l’épidémie de grippe dans l’hémisphère sud donne souvent un aperçu de ce que sera la saison grippale dans l’hémisphère nord. L’exemple de l’Australie, où l’hiver s’achève, pourrait donner des sueurs froides. L’épidémie de grippe y a été l’une des pires de ces 10 dernières années. La situation a été particulièrement critique dans le Queensland. La saison grippale a été marquée par un nombre élevé d’hospitalisations dans le troisième État le plus peuplé du pays. Les hôpitaux se sont retrouvés saturés à cause de l’afflux de patients souffrant de la grippe ou du Covid-19. Plusieurs ont été contraints de reporter des interventions chirurgicales pour trouver des lits disponibles.
« Il faut évidemment s’inquiéter de ce qu’on a vu en Australie où l’incidence d’hospitalisation a été aussi élevée que l’hiver dernier en France. Il faut se préparer », explique Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars). L’immunologue se veut toutefois rassurante. « On a la chance d’avoir des vaccins qui sont particulièrement adaptés à la souche qui a circulé en Australie et qui nous frappera dans quelques semaines », assure-t-elle. « En outre, l’État a accepté de mettre à disposition un vaccin fortement dosé réservé aux sujets âgés qui va être plus efficace et qu’on n’avait pas l’an dernier. On a donc une chance supplémentaire de mieux se protéger et de mieux protéger les hôpitaux. »
90 % des personnes hospitalisées pas vaccinées
La campagne de vaccination contre la grippe et le Covid-19 débute le 14 octobre. Brigitte Autran lance un appel à se vacciner. « En Australie, 90 % des personnes hospitalisées pour la grippe n’étaient pas vaccinées, comme en France l’hiver dernier », souligne la présidente du Covars qui s’inquiète d’une défiance alimentée par les vaccino-sceptiques. « Il y a en France une population hésitante vis-à-vis des vaccins, avec le très mauvais exemple américain de Donald Trump et de son ministre de la Santé », souligne-t-elle.
En France, l’épidémie de grippe avait été sévère entre fin 2024 et début 2025. Elle avait entraîné près de trois millions de consultations, selon Santé publique France. Toutes les classes d’âge avaient été concernées, avec 29 000 hospitalisations. L’épidémie a eu un fort impact en termes de mortalité malgré une couverture vaccinale relativement stable par rapport à celle de l’hiver précédent, estimée à 53,7 % chez les personnes âgées de 65 ans et plus et de 25,3 % chez les moins de 65 ans en situation de risque. Un excès d’environ 14 100 décès de toutes causes a été enregistré au cours de l’épidémie, selon Santé publique France. La grippe a été signalée dans 4 925 décès déclarés par certificat électronique, dont 82 % concernaient des personnes de 65 ans et plus. Au pic de l’épidémie, début janvier, la grippe représentait 7,3 % des décès en France, soit le taux le plus élevé depuis 2020.