Les prochaines élections moldaves “ne sont pas seulement un test pour la Moldavie elle-même, constate, sur son site, l’émission d’information TSN, mais pour toute la région”. Le Parti action et solidarité (PAS), le parti de la présidente de la République, la proeuropéenne Maia Sandu, est soutenu d’un point de vue moral et financier par Bruxelles, ce qu’a rappelé la visite éclair du président français, du chancelier allemand et du Premier ministre polonais dans la capitale moldave, fin août. Or, s’il “ne parvient pas à s’assurer une majorité au nouveau Parlement [lors du scrutin parlementaire du 28 septembre], ce qui paraît probable d’après les sondages, les forces prorusses pourraient purement et simplement saboter l’intégration européenne du pays”.
Ces élections, poursuit TSN, “constituent un défi capital pour Kiev”. L’Ukraine, affirme pour sa part la version ukrainienne de la BBC, doit donc absolument “suivre les élections en Moldavie”, car elles sont “d’une importance historique, pour Chisinau, mais aussi pour Kiev et pour l’Europe. Un changement hypothétique de pouvoir entraînerait un ralentissement de l’intégration européenne, et cela poserait automatiquement un problème à Kiev.” Ce que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a clairement exprimé à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies le 24 septembre, en déclarant :
“L’Europe ne peut pas se permettre de perdre la Moldavie comme elle a perdu la Biélorussie et la Géorgie.”
L’exemple géorgien est évoqué par plusieurs commentateurs, comme le politologue Oleksiy Holoboutskiy, qui écrit pour le portail d’information Glavkom. Si le parti de Sandu l’emporte, des manifestations massives “sont sans aucun doute déjà planifiées”, prévient-il. L’auteur en veut pour preuve “les activités des services secrets russes, qui ont créé des camps pour préparer leurs agents, et les activités avant tout financières d’Ilan Sor”, sulfureux oligarque moldave actuellement réfugié à Moscou. “N’oublions pas le rôle majeur joué en Géorgie par Bidzina Ivanichvili, oligarque prorusse, et son parti, Rêve géorgien”, rappelle Holoubitskiy.
La crainte d’un deuxième front
Le politologue redoute que la situation ne soit “encore pire en Moldavie”, où la Russie pourrait “essayer de déclencher une insurrection, très vraisemblablement armée”. Toute tentative de déstabilisation de la Moldavie pourrait avoir de graves conséquences pour l’Ukraine, confirme TSN. “Outre le fait que Chisinau est notre ‘partenaire’ sur la voie de l’intégration européenne, c’est par la Moldavie que nous importons du carburant, entre autres du diesel, et que nous exportons une partie de notre production agricole.”
À cela s’ajoute la question de la Transnistrie, région prorusse non reconnue située le long de la frontière ukrainienne. Or, souligne TSN :
“Il ne faut pas oublier qu’en Transnistrie occupée, un groupe opérationnel russe de 1 000 hommes est toujours déployé – les héritiers de la XIVe armée soviétique –, ainsi que 500 soldats de leurs forces de ‘maintien de la paix’.”
Pour l’Ukraine, “la Moldavie est une source de risques”, confirme le portail d’information Sotsportal. Le Kremlin n’y œuvre “pas seulement au retour d’un pouvoir prorusse, mais aussi au développement d’un scénario ‘hybride’, qui pourrait inclure des provocations autour de la Transnistrie et d’autres escalades qui pourraient aisément justifier une intervention”, ce qui représente “un danger bien réel pour Kiev”.
Même inquiétude du côté d’Oleksiy Holoboutskiy, qui écrit pour Glavkom : “Si les Russes reprennent le contrôle de la Moldavie, il est pratiquement garanti pour nous qu’ils vont ouvrir un deuxième front du côté de la région d’Odessa.” L’armée ukrainienne “a fait échouer les projets de Poutine de s’emparer d’Odessa et ainsi d’établir un couloir jusqu’à la Transnistrie. Mais cela ne signifie pas que le Kremlin a renoncé à cette idée”, avertit TSN.