Son nom se prononce « chapo-shnikof ». Alina Szapocznikow (1926-1973) est étrangement moins connue du grand public que Niki de Saint-Phalle ou Louise Bourgeois et pourtant son talent et son parcours de vie en font une des sculptrices majeures du XXe siècle. Treize ans après le Moma de New York, c’est le Musée de Grenoble qui met cette artiste polonaise à l’honneur en lui consacrant une exposition en forme de rétrospective.
L’événement, réalisé en partenariat avec le Kuntsmuseum Ravensburg (Allemagne) et intitulé Langage du corps, est à découvrir gratuitement jusqu’au 4 janvier 2026.
Musée de Grenoble : une sculptrice majeure du XXe siècle mise à l’honneur
© Thomas Richardson – Des photographies géantes d’Alina Szapocznikow au travail sont présentes dans les différentes salles de l’exposition à Grenoble.
Pas moins de 150 œuvres et une cinquantaine de documents ont été rassemblés dans environ 1 000 m2 d’espace d’exposition. La scénographie, sous la direction de Sophie Bernard, commissaire scientifique de l’exposition, se veut principalement chronologique. Elle retrace toute sa carrière de 1945 à 1973, année de sa mort (elle est décédée à Passy, en Haute-Savoie). Plus précisément, l’exposition s’intéresse à ses périodes créatrices à Prague (1945-1951), en Pologne (1961-1962) et enfin à Paris (1963-1973).
Rescapée des camps de concentration, Alina Szapocznikow a, au sortir de la guerre, développé un style influencé par le modernisme tchèque, le surréalisme, l’art informel, le réalisme socialiste et l’existentialisme. Ses œuvres de maturité ont été réalisées en France. Avec son mari, Roman Cieslewicz, elle s’est attelée à « déconstruire la figure humaine » : le corps fragmenté devient le cœur de sa production. A partir de 1969, l’artiste est atteinte d’un cancer du sein et se focalise alors sur les thèmes de la mémoire, des traumas et de la finitude.
Certaines œuvres peuvent heurter la sensibilité du public
© Thomas Richardson – Certaines oeuvres présentent un caractère érotique comme cette lampe-bouche.
Certaines œuvres, surtout celles réalisées à la fin de sa vie autour de son fils Piotr, peuvent heurter la sensibilité du public. Elles n’en demeurent pas moins émouvantes. Une section montre également des œuvres à caractère érotique, notamment des « lampes-bouches » réalisées à partir de moulages de lèvres ou d’assemblages de bouches ou de seins, certaines représentant même un phallus.
Pratique
Exposition Langage du corps, au Musée de Grenoble, à voir jusqu’au 4 janvier 2026 tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h30. Gratuit.
Une conférence sur l’artiste aura lieu lundi 13 octobre 2025 à 18h30 et un colloque autour de l’exposition est programmé mardi 2 décembre 2025 (horaire à définir) à l’auditorium du musée, en partenariat avec l’Université Grenoble Alpes.