Malgré des métiers prenants – parfois 12 heures par jour – ils tiennent à ce rendez-vous hebdomadaire. « Deux heures de répète par semaine, ça paraît peu, mais ça suffit pour garder la flamme », sourit Benoît, médecin dans les Vosges et bassiste.

Leur nom, Cargo Culte, est un clin d’œil à Serge Gainsbourg, dont c’était le dernier morceau sur Histoire de Melody Nelson, en 1971. Mais il renvoie aussi à ces rituels en Papouasie, où l’on construisait des avions en bois dans l’espoir de voir tomber du ciel des cargaisons de nourriture.

« Ça dit une chose : on ne peut pas reproduire quelque chose sans en comprendre le processus », explique Manuel, docteur dans les Vosges, auteur-compositeur, chanteur et clavier.

« Bienvenue au cirque » : un album enregistré comme un diagnostic

L’été dernier, les quatre Nancéiens ont enregistré en 3 jours seulement à Saint-Nicolas-de-Port leur premier album, « Bienvenue au cirque. ». « C’était un challenge avec nos professions aussi, on n’avait pas le choix… Comme un diagnostic, il fallait le finir », lance Frédéric, naturaliste et batteur.

La chanson éponyme donne le ton avec ces paroles : « Les monstres, c’est vous. », écrites il y a plus de 25 ans. Leur album plonge dans de nombreuses thématiques : la misanthropie, la solitude, l’amour cabossé, le suicide… « Quand on parle à l’humain, on ne peut pas être que lisse. Il faut aussi montrer ce qui est rugueux », précise Manuel.

Réunis autour d’une table, le quatuor rigole, échange des regards complices et de vieilles anecdotes : la fac de médecine ensemble pour certains, une retrouvaille 25 ans après au stade Marcel Picot… Puis, ils présentent « Amélie », un titre qui raconte le passage à l’adolescence et des premières menstruations. Un hommage aux femmes qui fait de leur projet un album « très féministe », assurent-ils.

Pour Damien, podologue dans la région de Nancy, la guitare est vitale : « Je vis le morceau. Je m’imprègne des paroles et je compose en fonction. C’est mon exutoire. »

Quatre personnalités différentes

Avec des airs de satire, Cargo Culte ausculte aussi notre société. Dans « Voyage en misanthropie », ils se moquent des salles de sport à Basic Fit : « Ils me veulent quoi les Shreks en lycra moulant. J’essaie de me barrer, mais comme un con, j’ai pris un abonnement ».

Le chanteur résume : « On essaie tous de se comparer. Mais au fond, on veut juste être peinard ».

Chacun apporte sa touche : la basse solide de Benoît, surnommé « le calme », « les guitares planantes » de Damien, « la diva », les textes bruts de Manuel et le groove de Frédéric : « Le rock, c’est notre respiration », confie celui qui enrichit les compositions avec ses influences : funk, electro, chanson française…

Après une dizaine de concerts, trois Fêtes de la musique et une soirée à l’Autre Canal lors d’un tremplin, le groupe pense déjà à demain. Cinq morceaux sont dans les cartons pour un deuxième album. « On a encore beaucoup de tiroirs à ouvrir », concluent-ils. Cargo Culte n’a pas dit son dernier mot.