Pour son dixième anniversaire, le Festival international des arts de Bordeaux (FAB) ne se contente pas de regarder en arrière, mais explore de nouvelles géographies poétiques : en plus de ses axes historiques « Suivre le fleuve » et « Habiter la ville », il inaugure une nouvelle invitation, « S’enforester ». Entre cartes blanches à des collectifs, créations internationales engagées et grande fête pyrotechnique.

1 Une 10e édition sur les mêmes rails

Dix ans plus tard, les missions fondatrices du FAB sont toujours d’actualité : un festival pluridisciplinaire, en grande partie gratuit, qui transforme la métropole en une scène à ciel ouvert, traversant 100 000 spectateurs. L’exposition photo rétrospective de Pierre Planchenault, comme un marqueur de cette décennie, en témoigne.

La dimension politique et militante du festival est réaffirmée par sa solidarité avec la venue de la Palestinienne Samar Haddad King (« Gathering »), dans un contexte mondial « ébranlé », un spectacle soutenu par huit scènes nationales de la région. Ou avec « Chaussons aux tomates » de la Libanaise Hiba Najem, annulé en 2024 en raison des bombardements qu’avait subi Beyrouth.

Trois axes sémantiques structurent le festival cette année : « Suivre le fleuve » ou l’exploration des espaces naturels liés à l’eau ; « Habiter la ville », l’interaction entre les artistes et la ville ; et « S’enforester », qui est la grande nouveauté de 2025, une exploration artistique de la forêt à Saint-Médard-en-Jalles.

2 Carte blanche à trois collectifs

La compagnie catalane Kamchàtka propose une déambulation en forêt (« Alter »).

La compagnie catalane Kamchàtka propose une déambulation en forêt (« Alter »).

Jean-Alexandre Lahoscinsky

Tout d’abord, signalons un nouvel exercice d’architecture humaine par le collectif XY. Leur projet « Les Voyages » se déploie sur tout le festival à travers des « Impromptus » et des « Grands Rendez-Vous ». Leurs « Voyages » sont des portés acrobatiques fulgurants où 18 artistes redessinent la ville. Le public est même invité à participer à ce ballet urbain, poétique et gratuit. La compagnie catalane Kamchàtka est centrée sur la migration et les dialogues muets avec le public. On suivra leur déambulation en forêt (« Alter ») et les performances en ville (« Inesperat », « Crescendo »). Nicolas Floc’h, lui, présente son travail au croisement de l’art et de la science avec l’exposition « La couleur de l’eau – Garonne Océan », un projet au long cours qui révèle les nuances invisibles du fleuve.

3 Les spectacles phares entre forêt, ville et fleuve

La déambulation théâtrale nocturne des Arts Oseurs revisite l’excellent « Croire aux fauves » de l’anthropologue Nastassja Martin.

La déambulation théâtrale nocturne des Arts Oseurs revisite l’excellent « Croire aux fauves » de l’anthropologue Nastassja Martin.

Kalimba M.

On « S’enforeste » à Saint-Médard-en-Jalles : avec les « NiDS » (en accès libre du dimanche 28 septembre au samedi 11 octobre) de Jean-Michel Caillebotte, des installations immersives et vivantes. La déambulation théâtrale nocturne des Arts Oseurs revisite l’excellent « Croire aux fauves » de l’anthropologue Nastassja Martin, et « Rozéo » de la compagnie Gratte-Ciel donnera le vertige à plus d’un spectateur.

« Gathering » de Samar Haddad King, qui travaille entre la Palestine et New York.

« Gathering » de Samar Haddad King, qui travaille entre la Palestine et New York.

Jeenah Moon

En ville, on verra la scène internationale : « Gathering » de Samar Haddad King, qui travaille entre la Palestine et New York, et crée des œuvres chorégraphiques explorant les liens intergénérationnels au sein de la société palestinienne.

Pol Jiménez, chorégraphe et danseur catalan, présentera « Lo Faunal », réinvention du ballet de Vaslav Nijinski, « L’Après-midi d’un faune ».

Pol Jiménez, chorégraphe et danseur catalan, présentera « Lo Faunal », réinvention du ballet de Vaslav Nijinski, « L’Après-midi d’un faune ».

Escena Germinal DIONÍSIES

« Lo Faunal » du catalan Pol Jiménez reprend le ballet sulfureux « L’Après-midi d’un faune », créé en 1912 par Vaslav Nijinski, qui avait défrayé la chronique par son érotisme et sa sensualité suggestive. Ou la performance « Woods / Bosque » de la Brésilienne Clarice Lima, une œuvre à ciel ouvert au principe aussi simple que saisissant : des dizaines de corps humains se transforment en arbres pour créer une forêt vivante et mouvante au cœur de la ville.

Une mise en abîme, enfin pour « Avignon, une école » de la directrice du TNBA à Bordeaux, Fanny de Chaillé. Sur scène, quinze jeunes comédiens et comédiennes, fraîchement sortis de l’école de la Manufacture à Lausanne, s’emparent des archives du plus grand festival de théâtre du monde pour en raconter l’histoire.

« Avignon, une école », de Fanny de Chaillé, sera présenté lors du FAB et ouvrira la nouvelle saison du TNBA (Théâtre national Bordeaux-Aquitaine).

« Avignon, une école », de Fanny de Chaillé, sera présenté lors du FAB et ouvrira la nouvelle saison du TNBA (Théâtre national Bordeaux-Aquitaine).

Marc Domage

L’art interroge aussi la science et la société, avec « À l’eau, la terre ?… » par l’ANPU, une « conférence décalée » qui met l’estuaire sur le divan. L’université de Bordeaux s’associe également au FAB pour inviter à dialoguer autour des enjeux essentiels de notre société et de notre environnement.

La compagnie La Machine embrasera le port de la Lune depuis l’ancienne caserne de pompier.

La compagnie La Machine embrasera le port de la Lune depuis l’ancienne caserne de pompier.

Erik Damiano

Le FAB est une fête populaire, s’appuie sur le partenaire sensible qu’est le public, le bouscule, le fait s’interroger ou s’émerveiller. En témoigne le bouquet final : l’embrasement de la caserne des pompiers, par Pierre de Mecquenem & La Machine, et la FABoum anniversaire pour fêter « nos coexistences, ici et maintenant ».

Slowfest est un collectif qui expérimente des modes plus écologiques autour du spectacle vivant.

Slowfest est un collectif qui expérimente des modes plus écologiques autour du spectacle vivant.

Slowfest

www.fab.festivalbordeaux.com