Par
        
            Thibault Nadal
        
Publié le
27 sept. 2025 à 6h54
Une mauvaise période pour le cardinal. Cité dans les révélations de Paris Match sur plusieurs affaires d’abus dans le diocèse de Marseille, dont il aurait eu connaissance sans les révéler publiquement, Jean-Marc Aveline doit faire face à une fronde.
Le 17 septembre dernier, le média Tribune Chrétienne publiait une lettre d’un collectif marseillais envoyée au pape Léon XIV. Dans celle-ci, ses membres demandant la démission du cardinal Aveline de son poste à la tête du diocèse de Marseille.
« Une crise grave de confiance et de crédibilité »
Dans leur missive, Bernard Franqui, responsable du Collectif pour la défense de l’église Saint-Maurice situé dans le quartier de Pont-de-Vivaux (10e) explique que « l’Église à Marseille traverse aujourd’hui une crise grave de confiance et de crédibilité, dont le cardinal Jean-Marc Aveline porte une lourde responsabilité ».
Une attaque frontale contre celui qui a été cité pour succéder au pape François et qui est aussi président de la Conférence des évêques de France. Le collectif met en avant deux arguments pour réclamer le départ du cardinal Aveline de son poste au diocèse de Marseille.
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L’abandon de leurs églises
Le premier concerne le combat qu’ils mènent depuis des années pour la sauvegarde de deux églises dans le 10e arrondissement. Selon eux, elles « ont été abandonnées, vidées de leurs objets sacrés, puis cédées à un promoteur immobilier controversé ».
La plus connue étant celle de Sainte-Maurice, abandonnée depuis 2019. En janvier dernier, le diocèse expliquait dans un communiqué ne pas avoir « la capacité financière de restaurer et d’entretenir un tel bâtiment très peu utilisé et nécessitant de lourds travaux ».
Un argument difficilement entendable pour le collectif qui évoque « une trahison spirituelle et patrimoniale par les paroissiens, qui se sentent dépossédés et humiliés ».
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D’après le diocèse, les nouveaux acheteurs vont maintenir « une activité sociale ou d’intérêt collectif » dans le bâtiment. Les fidèles parlent plus d’une « transformation en logements et en entrepôt logistique ».
Cette décision, validée par Monseigneur Aveline, ne relève ni d’une vision pastorale ni d’un souci évangélique, mais d’une logique purement financière.
Collectif pour la défense de l’église Saint-Maurice dans Tribune Chrétienne
Les révélations de Paris Match
La deuxième raison qui a poussé Bernard Franqui à écrire au Pape concerne les révélations de Paris Match. Dans cette longue enquête, nos confrères révèlent plusieurs affaires d’abus sexuels ces 30 dernières années dans les Bouches-du-Rhône et le système d’omerta pour inciter les victimes à se taire.
Le cardinal n’est pas directement visé, mais il aurait contribué à ce système d’omerta. Des accusations dont il s’était défendu dans un long communiqué.
Mais pour le collectif Sainte-Maurice, « ces faits traduisent une gouvernance marquée par l’opacité, le silence et l’absence de courage évangélique ».
« Pour le bien du peuple de Dieu et afin que l’Église à Marseille retrouve un chemin de vérité et de confiance, nous croyons que la démission de Mgr Jean-Marc Aveline est devenue inévitable », conclut la lettre transmise à la papauté.
Le diocèse se défend en attaquant le collectif
Une nouvelle fois attaqué, le diocèse de Marseille a tenu à se défendre, à travers un droit de réponse envoyé à Tribune Chrétienne.
En ignorant totalement l’appel à la démission et en se concentrant uniquement sur la question des deux églises dans le quartier de Pont-de-Vivaux. Le diocèse rappelle les importants coûts engendrés par une possible restauration des églises de Pont-de-Vivaux, alors que d’autres dépenses majeures sont en cours ou vont être effectuées.
« Le diocèse mobilise actuellement 2,8 millions d’euros pour Notre Dame de la Garde et, en 2026, va dépenser 3 millions d’euros pour l’église Saint-Louis dans les quartiers nord. »
Et que le diocèse a validé le projet de rachat de Sainte-Maurice en s’assurant que le bâtiment ne soit pas détruit et qu’il reste un lieu « social ». Des réponses sur la forme, mais pas sur le fond. Le pape, lui, n’a toujours pas répondu à cette lettre envoyée.
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