Il est un peu chez lui. Sur une autre île que la sienne mais qui lui ressemble tellement. Papier abrasif en main, Alberto Ruce fixe la façade de bois du bâtiment face à lui, une ancienne menuiserie de Lozzi qui n’a plus vibré depuis bien longtemps. « C’est une matière qui a toujours quelque chose à donner », lance-t-il sans décrocher le regard des lames marquées par le passage du temps et l’activité humaine. Des morceaux d’une ancienne peinture, une ligne plus foncée, un creux dans le bois… L’artiste italien se sert de chaque élément pour peaufiner son œuvre. « Elle fait partie du support. L’idée est de s’en servir pour créer quelque chose. » Il peaufine l’iris d’un bélier. Entre coup de peinture aérosol et grattage au papier abrasif, ses gestes minutieux, ceux d’un peintre et d’un menuisier, permettent de multiplier les nuances et de faire surgir un œil au réalisme saisissant. La première étape d’une œuvre qui doit prendre toute la surface basse du cabanon, et une partie de l’étage : un berger niulincu, François Albertini, et son troupeau avec lesquels Alberto a pu passer « un moment fort » et prendre la photo qui sert de modèle à l’œuvre.

L’artiste suit les cours des Ateliers des Beaux-