Par

Thomas Martin

Publié le

28 sept. 2025 à 6h34

La Chambre régionale des comptes d’Île-de-France vient de publier un rapport relatif à la politique routière à Paris et dans le reste de la région. A cette occasion, les magistrats se sont notamment penchés sur l’état des 656 kilomètres de routes franciliennes. Le jugement est au final plutôt sévère : « L’Île-de-France concentre, sur 2 % du territoire national, 18 % de la population française, 22 % des emplois et 32 % du PIB français. A cet égard, l’exploitation et l’entretien du patrimoine routier francilien n’apparaissent souvent pas à la hauteur de son caractère stratégique, de son niveau de fréquentation et de ses enjeux ». 

Un retard d’entretien des routes nationales

Dans le viseur du rapport, les routes nationales notamment : « Il s’agit, en France métropolitaine, du domaine d’une direction interdépartementale avec la plus faible proportion de chaussées considérées en bon état ». Seulement 29 % de ce patrimoine serait ainsi en bon état en Île-de-France, contre 51 % à l’échelle nationale ! Le retard d’entretien est donc patent et s’annonce difficile à résorber au vu de l’intensité du trafic qui contraint à mener l’essentiel des travaux de nuit. 

La situation des ouvrages d’art ne soulève guère d’enthousiasme non plus :  « La direction des routes d’Île-de-France  se situe plus près de la moyenne. En revanche, elle se distingue, malgré des progrès, par l’absence d’évaluation d’une part encore substantielle des ponts de son domaine, pourtant prévue par l’instruction en vigueur ». En 2022, l’Île-de-France concentrait ainsi 150 des 527 ponts non évalués du réseau national non concédé. 

« La méconnaissance de l’état des équipements de la route est encore plus grande », appuie la Chambre. Une analyse a toutefois été faite en 2024 sur un échantillon de trois itinéraires
représentant 160 kilomètres. Et elle n’a rien de très rassurant : « En matière de signalisation verticale, entre 15 et 20 % des panneaux s’avèrent en partie masqués par la végétation et 25 % sont vétustes ou dégradés. S’agissant de la signalisation horizontale, 20 à 30 % du linéaire présente un marquage dégradé, peu ou pas visible la nuit ou par temps de pluie. Enfin, un peu moins de 25 % des dispositifs de retenue en béton et des glissières seraient détériorés ». 

De grosses disparités entre les départements

Et le boulevard périphérique ? Pas mieux : « Le boulevard périphérique est dans une situation également mal connue et mal suivie, ce qui peut étonner s’agissant de l’axe routier le plus fréquenté d’Europe ».

Il semble que la Ville de Paris ne dispose pas d’un diagnostic complet de l’état des chaussées, tant pour la surface que pour la structure. « Dans ces conditions, elle ne dispose pas davantage d’une programmation des travaux liée à l’état réel des chaussées et se fonde essentiellement sur un cycle de renouvellement théorique » résument les magistrats. Au lieu de cela, la Ville de Paris lance des travaux tardivement en se calant sur la toute fin de période de vie des revêtements ». 

Concernant les routes gérées par les départements, c’est l’hétérogénéité qui saute aux yeux. Avec les Yvelines et le Val-d’Oise en bons élèves, affichant 80% et 89,5% de routes en bon état en 2023 et a contrario le Val-de-Marne (20%) et les Hauts-de-Seine (34%) semblant largement à la traîne. Concernant les ponts, la proportion d’ouvrages en bon état n’est que de 43 % pour l’ensemble des départements franciliens, contre une moyenne nationale estimée à 64 %. « De surcroît, une part importante d’entre eux n’est pas évaluée, par exemple 26 % en Essonne et jusqu’à 32 % dans le Val-de-Marne », enfonce le rapport. 

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Dans ce contexte, la Chambre régionale émet un certain nombre de préconisations notamment en matière de suivi : « La sécurité routière mérite davantage d’attention de la part des gestionnaires d’infrastructures, dans un contexte francilien marqué par une augmentation de l’accidentalité ». 

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