Les organisateurs de l’exposition « Le fabuleux destin des déchets ménagers », à voir aux Archives de Bordeaux Métropole jusqu’en mai 2026, ont eu la riche idée de demander à la Compagnie Ola de partager les tournées (nuit et jour) des agents des services de propreté. Les vidéos de leur travail et le son de leurs témoignages donnent un autre relief à l’exposition.

« Hyper bien accueillis » par les équipes, Anne-Cécile Paredes, pour les images, et Johann Mazé, pour les prises de son, ont été impressionnés par le rythme et l’extrême précision du travail effectué. « C’est très chorégraphié, rapide, précis, ils dansent », dit la première, quand le second a eu la sensation auditive d’un entraînement à la salle de boxe : « Boum, boum, boum, c’est rythmé, ça ne chôme pas. »

« L’appel de 4 heures du matin »

Eux qui aiment mêler art et sociologie et qui ont le goût « des récits de l’ombre » ont pu mesurer la technicité et la difficulté de ces métiers (ripeurs, chauffeurs ou laveurs de bennes) invisibles au regard de la société, sauf en période de Covid, et en décalage avec nos rythmes de vie.

« Je me souviens d’une tournée de nuit le soir de la qualification du PSG en finale de la Ligue des champions, les éboueurs étaient acclamés, c’était très festif », sourit Johann Mazé, qui n’a pas oublié non plus « l’odeur et les conditions difficiles de travail » de l’incinérateur de Cenon.

Anne-Cécile Paredes a elle été frappée par le cérémonial de « l’appel à 4 heures du matin », et par la découverte de la ville autrement, « très tôt le matin ou tard le soir ». Et la façon dont les agents de la propreté « font corps ». Socialement, « ils ont un potentiel de révolte très fort. S’ils arrêtent de travailler, c’est notre enfer. »