La rédaction de Libération résume les principales actualités du week-end sur le conflit en Ukraine. Le point précédent est à lire ici.

L’Ukraine a accusé ce dimanche matin la Russie d’avoir lancé dans la nuit une attaque «massive» avec des centaines de drones et missiles qui ont fait au moins quatre morts et une dizaine de blessés, au moment où la Pologne voisine a mobilisé l’aviation pour sécuriser son espace aérien. Les bombardements ont notamment tué une fillette de 12 ans à Kyiv, ont indiqué les autorités locales dimanche. «La Russie a lancé une nouvelle attaque aérienne massive sur les villes ukrainiennes pendant que les gens dormaient», a affirmé le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Sybiga, sur le réseau social X. «Encore une fois, des centaines de drones et de missiles, détruisant des immeubles résidentiels et causant des victimes civiles», a ajouté le ministre, qui a publié des images montrant des flammes jaillissant des fenêtres d’un immeuble résidentiel de plusieurs étages.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a mis en garde samedi contre toute attaque envers son pays, qui entraînerait une «réponse résolue», alors que Donald Trump a appelé à abattre les avions russes en cas de violation de l’espace aérien de l’Otan. «La Russie est presque accusée de planifier une attaque contre les pays de l’Alliance atlantique et de l’Union européenne, a-t-il déclaré à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU. La Russie n’a pas et n’a jamais eu de telles intentions. Mais toute agression contre mon pays entraînera une réponse résolue. Il ne doit pas y avoir de doutes sur ce point.»

S’exprimant peu après lors d’une conférence de presse, Sergueï Lavrov a insisté : «Si l’on tente d’abattre un engin volant, quel qu’il soit, au-dessus de notre territoire, dans notre espace aérien, alors je pense que les gens le regretteront profondément.» Après les incursions dans le ciel européen d’une vingtaine de drones et des trois avions de combat russes, les pays de l’UE cherchent à renforcer leur défense, principalement aux abords de la Russie. A ces incursions répétées vient s’ajouter le survol de mystérieux drones au Danemark, à au moins quatre reprises cette semaine.

Après ces récentes incursions de drones que Copenhague attribue à la Russie, l’Otan a annoncé dans la soirée de samedi à dimanche le renforcement de sa «vigilance» et de ses moyens dans la région Baltique. Les dirigeants de l’Alliance «sont en contact permanent avec leurs homologues danois», souligne l’Otan. «Nous allons renforcer encore davantage notre vigilance grâce à de nouveaux moyens», a indiqué Martin O’Donnell, porte-parole du commandement suprême des alliés en Europe, dans une déclaration transmise à la presse. Ces moyens comprennent du renseignement, de la surveillance, de la reconnaissance et «au moins une frégate de défense aérienne», a-t-il précisé.

Jeudi, la Première ministre, Mette Frederiksen, avait affirmé que le Danemark avait été victime d’attaques «hybrides» ces derniers jours, faisant référence à une forme de guerre non conventionnelle, et avait pointé du doigt la Russie, une «menace pour la sécurité de l’Europe». Moscou a rejeté «fermement» jeudi toute implication dans les incidents danois.

«Un système israélien fonctionne en Ukraine, cela fait un mois qu’il fonctionne», a déclaré Volodymyr Zelensky lors d’une conférence de presse samedi, sans préciser si Kyiv l’avait acheté ou obtenu gratuitement. Les Etats-Unis avaient déjà fourni des systèmes similaires à la défense ukrainienne. En mai, le New York Times, citant des sources officielles américaines, avait affirmé qu’un système Patriot basé en Israël serait rénové puis envoyé en Ukraine, l’armée de l’air de l’Etat hébreu souhaitant se doter de matériel plus moderne.

Après le déclenchement de l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, Israël avait adopté une position neutre en ne sanctionnant pas la Russie, à la différence de beaucoup d’autres pays occidentaux. Mais ses liens avec Moscou se sont ensuite distendus face au renforcement de l’alliance entre la Russie et l’Iran, qui est accusé d’avoir fourni des drones d’attaques au Kremlin, et en raison de la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza, condamnée par les autorités russes.

La Russie essaie-t-elle de «voler» la centrale nucléaire de Zaporijia ? «Nous exhortons toutes les nations préoccupées par la sûreté et la sécurité nucléaires à faire clairement comprendre à Moscou que son pari nucléaire doit cesser», a déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriy Sybiga, dans un message sur son compte X, samedi. Selon lui, «la Russie a construit 200 kilomètres de lignes électriques en préparation d’une tentative de voler la centrale, de la relier au réseau [sous contrôle russe] et de la relancer». Il a accusé Moscou «d’actions irresponsables» ayant causé «beaucoup trop de risques» nucléaires depuis le début de l’invasion en 2022. «Mais la tentative russe de reconnecter la centrale pourrait être le pire jusqu’à présent, en posant les plus grands risques. Moscou essaye d’engager l’AIEA dans cette aventure et de justifier le vol» de la centrale, a déclaré Sybiga, en demandant que la centrale retourne sous contrôle ukrainien.

Les Moldaves ont commencé dimanche à élire leurs députés et vont décider de l’avenir de leur pays voisin de l’Ukraine en guerre, entre poursuite sur la voie de l’Union européenne ou un rapprochement avec la Russie, le gouvernement et l’UE accusant Moscou «d’ingérence profonde». Signe de l’enjeu de ce scrutin sous haute tension et au résultat incertain, chaque camp accuse l’autre de manipulation et de tentative d’intimidation.

La présidente pro-européenne, Maia Sandu, dont le parti Action et Solidarité (PAS) est en tête des sondages mais a perdu du terrain depuis sa large victoire en 2021, a sonné l’alarme en début de semaine. Elle a dénoncé les «centaines de millions d’euros» déversés par Moscou pour acheter des voix, orchestrer des campagnes de désinformation en ligne et organiser des violences. Selon Igor Botan, directeur du centre de réflexion moldave Adept, la Moldavie n’a «jamais vu un tel niveau [d’ingérence étrangère] dans une campagne électorale» depuis son indépendance proclamée en 1991. Des allégations récusées par la Russie, qui affirme pour sa part que les autorités moldaves propagent une rhétorique antirusse.

Mise à jour à 9 h 30 avec les déclarations de Martin O’Donnell à propos de la Baltique.