Il n’entend pas vendre ses images, ni même les exposer. Éric Carrère n’œuvre que par plaisir. « Bien sûr que de voir que les gens aiment mes photos, ça m’encourage, c’est un carburant même. Mais le plus précieux pour moi, aujourd’hui, c’est d’avoir du temps et de faire ce que j’aime. »

Eric Carrère et son sujet favori.

Eric Carrère et son sujet favori.

Éric Carrère

Ce père de famille est commercial dans les assurances, ce qui l’invite à sillonner les routes du département des Pyrénées-Atlantiques, propices à quelques repérages. Comme chez ce client agriculteur dont l’exploitation est visible par tous depuis le boulevard des Pyrénées. « C’est mon repaire pour les photos du feu d’artifice du 14 juillet ou les fêtes de fin d’année. J’ai été le premier à m’installer là, mais d’autres m’ont un peu copié depuis. Je me sens un peu comme ces alpinistes qui ouvrent des voies pour la première fois (rire). »

Les fêtes de fin d’année à Pau, ici depuis les coteaux, son repaire pour la prise de vue des feux d’artifice

Les fêtes de fin d’année à Pau, ici depuis les coteaux, son repaire pour la prise de vue des feux d’artifice

Éric Carrère

La quête de la photo parfaite

Le photographe s’est pris de passion pour l’image à la fin des années 1990 en immortalisant comme tout un chacun les premiers pas de ses enfants. L’appareil s’est perfectionné, les optiques se sont multipliées et l’œil s’est aiguisé. « Ce que les gens ne comprennent pas toujours, c’est la notion des perspectives avec de très longues focales, avance Éric Carrère. L’appareil n’est pas réglé comme l’œil humain, qui n’a que deux options, le champ de vision grand angle quand on regarde un paysage, et la vision portrait, 50 millimètres à peu près, quand vous fixez quelque chose. »

Le château de Perpignaa, à Jurançon, et le Pic du Midi d’Ossau qui paraît très proche. Une impression créée par la focale de l’appareil

Le château de Perpignaa, à Jurançon, et le Pic du Midi d’Ossau qui paraît très proche. Une impression créée par la focale de l’appareil

Éric Carrère

L’appareil offre une myriade de possibilités supplémentaires, dont ces perspectives à longue distance qui permettent de grossir la taille des sujets. Ainsi apparaissent le pic d’Ossau en second plan sur nombre de ses photos ou cette lune rousse qui semble s’accrocher au pic du Midi de Bigorre. Si énormes qu’ils en deviendraient presque intimidants.

Pleine lune sur le Pic du Midi de Bigorre

Pleine lune sur le Pic du Midi de Bigorre

Éric Carrère

« Cette photo de la lune sur le pic du Midi de Bigorre résume surtout la quête technique qui consiste à se trouver au bon endroit au bon moment, retient Éric Carrère. J’avais réussi quelque chose de similaire il y a deux ans, la météo était plus propice encore. J’étais monté au col d’Aubisque en début d’après-midi. Je l’avais grimpé à vélo et j’avais vu que les planètes seraient probablement alignées. Il fallait ensuite monter sur le bon versant avec la bonne perspective sur le pic. Je vais toujours chercher où me placer, c’est la base. »

Nombre des clichés d’Éric Carrère sont pris au coucher de soleil ou lors de nuits étoilées que seules la montagne et la mer savent offrir. Le photographe s’est formé sur le tas à l’astrophotographie pour mieux régaler son œil d’esthète d’images libérées de toute pollution lumineuse.

La Voie lactée au-dessus du massif de l’Ossau, alors que les neiges d’avril recouvrent encore une partie de la haute montagne

La Voie lactée au-dessus du massif de l’Ossau, alors que les neiges d’avril recouvrent encore une partie de la haute montagne

Éric Carrère

En résultent des clichés à couper le souffle de la Voie lactée au-dessus des cimes pyrénéennes. « Comme les photos prises par le télescope Hubble ou les plus récents, les miennes sont composées à partir d’un logiciel qui associe plusieurs photos du ciel. Je prends les images sur des temps de pose allongés, d’une vingtaine de secondes environ. Puis je les assemble pour disposer d’un panorama complet. »

Cette photo du pic d’Ossau en hiver résume pour moi la beauté du Béarn. On a le patron au milieu auréolé de tout l’univers

Les tableaux les plus époustouflants sont pris en montagne, au prix de bivouacs parfois très sportifs qui rappellent tout le travail de préparation préalable à la conception de ces fonds d’écran et posters. « L’image de l’Ossau en plein hiver, je vais la faire en allant bivouaquer en montagne une nuit où la température est négative. La route est fermée assez bas, à Gabas, il faut se le gagner, mais ça vaut le coup. Cette photo résume pour moi la beauté du Béarn. On a le patron au milieu (le pic d’Ossau, NDLR), qui est auréolé de l’univers. »

Montagne et mer de nuages

Quand elle veut bien opérer, la magie associe au ciel étoilé des montagnes enneigées et une mer de nuages qui s’apprêtent à fondre sur la vallée. « La Voie lactée reste au même endroit, mais la Terre bouge, donc la perspective aussi. Même si je reviens au même endroit, je ne ferai pas les mêmes images à quelques mois d’écart. »

Dissipation des brumes matinales depuis les coteaux de Jurançon.

Dissipation des brumes matinales depuis les coteaux de Jurançon.

Éric Carrère

Ici ou là, les images s’enrichissent de petits sujets tels des personnages de Sempé dans l’immensité. Ce sont souvent des aéronefs de l’armée ou encore cet hélico jaune et rouge de la Sécurité civile que tous les Béarnais connaissent. « Ce n’était pas prévu évidemment, mais, quand je l’ai vu, j’ai espéré qu’il passe à proximité. Ils ont utilisé [cette photo] pour leur communication, et je suis content, c’est aussi une façon de leur rendre hommage. »

L’hélicoptère de la Sécurité civile, Dragon 64, passe au-dessus du Pic d’Ossau. Cette photo est devenue leur visuel de communication

L’hélicoptère de la Sécurité civile, Dragon 64, passe au-dessus du Pic d’Ossau. Cette photo est devenue leur visuel de communication

Éric Carrère

Sur le même sujet


Joan de Nadau : « On est du pays de ceux qui nous ont aimés »

Joan de Nadau : « On est du pays de ceux qui nous ont aimés »

Des milliers de concerts et des titres phares voilà ce que cinquante années de carrière avec Nadau ont offert à Joan. Pourtant, lui retient autre chose : les gens. Le Béarnais d’adoption a reçu « Sud Ouest » sur ses terres natales où, entre deux concerts, il coule désormais des jours paisibles

Le jeu n’est jamais très loin. Comme le montre cet autre objet volant identifié qui semble décoller de la lune ou cette grande roue installée sur le boulevard des Pyrénées qui fait office de roue arrière de vélo. La combinaison de ses deux grandes passions. Un violon d’Ingres ne suffisait pas.

Quelques clichés en plus pour le plaisir

Ce sujet volant semble décoller de la Lune dans l’immensité du ciel. Un jeu de perspectives parfaitement maîtrisé par le photographe amateur

Ce sujet volant semble décoller de la Lune dans l’immensité du ciel. Un jeu de perspectives parfaitement maîtrisé par le photographe amateur

Éric Carrère

Une roue peut en remplacer une autre. Cette photo illustre les deux passions d’Éric Carrère : Pau et le vélo

Une roue peut en remplacer une autre. Cette photo illustre les deux passions d’Éric Carrère : Pau et le vélo

Éric Carrère

Le château de Pau un soir de pleine lune

Le château de Pau un soir de pleine lune

Éric Carrère

La Voie lactée au-dessus du massif de l’Ossau dans une mer de nuages

La Voie lactée au-dessus du massif de l’Ossau dans une mer de nuages

La Voie lactée en avril, alors que les neiges recouvrent encore une partie de la haute montagne. Avec, au fond, le pic d’Ossau

La Voie lactée en avril, alors que les neiges recouvrent encore une partie de la haute montagne. Avec, au fond, le pic d’Ossau

Éric Carrère

Vol de palombes en Ossau, à l’automne.

Vol de palombes en Ossau, à l’automne.

Éric Carrère

Une image d’Épinal de la cité Royale du Béarn

Une image d’Épinal de la cité Royale du Béarn

Éric Carrère

Le jour du deuxième croissant au-dessus du pic du Midi de Bigorre

Le jour du deuxième croissant au-dessus du pic du Midi de Bigorre

Éric Carrère