Tadej Pogacar s’est imposé à Kigali au Rwanda pour assurer sa propre succession aux championnats du monde de cyclisme. Retrouvez ce qui a plu et déplu à notre rédaction.

TOPS

Imbattable Pogacar

Les années, les courses passent et ses adversaires trépassent tous. Tadej Pogacar repousse ses propres limites et impressionne davantage sur chaque rendez-vous. Pour ces Mondiaux 2025 au Rwanda en Afrique, il s’est offert une nouvelle victoire en solitaire après un raid incroyable à l’avant. Son deuxième titre de champion du monde consécutif après celui de l’an dernier à Zurich. Le Slovène a remis les mêmes ingrédients que lors de la dernière édition. En 2024, il s’était échappé à 104km, cette fois, c’est à 101 km qu’il a porté son attaque décisive.


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Accompagné quelques kilomètres par ses partenaires chez UAE mais adversaires du jour Juan Ayuso (Espagne) et Isaac Del Toro (Mexique), le quadruple vainqueur du Tour de France s’est retrouvé seul à 66 bornes de la ligne. Jamais perturbé, ni inquiété, même face à des groupes conséquents capables de collaborer, le grimpeur de 27 ans n’a rien perdu et franchi la ligne en solitaire avec 1 minute et 28 secondes d’avance sur le deuxième du jour Remco Evenepoel. 17e victoire de la saison pour celui qui n’en finit plus d’affoler les compteurs. Avec ce succès, il rentre un peu plus dans l’histoire en devenant le premier coureur sacré champion du monde en Afrique. Il rejoint aussi Eddy Merckx dans le cercle des vainqueurs de plusieurs éditions du Tour de France et de plusieurs championnats du monde. Ne manque plus qu’a son palmarès à rallonge, Paris Roubaix, la Vuelta et Milan San Remo, compliqué mais loin d’être impossible.

Un parcours dingue

«Ils ne seront pas nombreux à finir» déclarait avant le départ le meilleur coureur africain Biniam Girmay. Une chose est sûre, il ne s’est pas trompé. Sur les 165 coureurs engagés, 30 ont rallié l’arrivée. La raison ? Un parcours dantesque de 257 km, de l’altitude (5.500 m de dénivelé), la chaleur et la pollution, autant d’éléments qui ont mis les coureurs à rude épreuve aux Championnats du monde de cyclisme à Kigali où ils «ont beaucoup souffert» comme l’a affirmé le vainqueur du jour. Une première réussie en Afrique avec une belle ferveur sur le bord des routes et une course qui fera date pour son incroyable difficulté, en témoigne les écarts conséquents entre chaque coureur à l’arrivée.

Paul Seixas a de l’avenir

De miracle, il n’y en a pas eu, mais Paul Seixas a fait bien mieux que de la figuration pour ses premiers Mondiaux. À 19 ans, celui qui est considéré comme la plus grande pépite du cyclisme français depuis des décennies a fait parler ses qualités sur ce parcours difficile. Le grimpeur puncheur de la Decathlon AG2R La Mondiale Team s’est battu pour rester au contact des touts meilleurs. Ce qu’il a réussi à faire jusqu’aux 50 derniers kilomètres. Sans jamais abandonner, il a décroché une belle 13e place (1er français du jour) dans les mêmes temps que Thomas Pidcock et Primoz Roglic, rien que ça. On lui donne déjà rendez-vous l’an prochain à Montréal pour peut-être jouer les premiers rôles ?

Evenepoel combatif…

Il avait envoyé un message fort à Tadej Pogacar sur le contre-la-montre la semaine dernière en s’imposant avec la manière devant le Slovène. Sur la course en ligne, Remco Evenepoel sacré en 2022 faisait office de rival principal pour l’intouchable Slovène; le moins qu’on puisse dire, c’est que le coureur de la Soudal Quick Step a assumé son statut et tout tenté pour revenir sur Pogacar à l’avant. Dynamiteur fou, il a multiplié les changements de rythme pour tenter de réduire l’écart, en vain. Au final, sans véritablement forcer, il a lâché l’ensemble du peloton pour s’isoler avec 4 hommes à 59 km de la ligne. Puis est parti seul à 20 bornes de l’arrivée pour s’assurer une médaille d’argent bien mérité.

FLOPS


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Mais aussi poissard

Il semblait un cran en dessous de Tadej Pogacar. La première accélération du Slovène à 104km de l’arrivée a mis dans le dur Remco Evenepoel. Mais derrière, le Belge semblait retrouver ses jambes et son rythme pour revenir progressivement sur le Slovène. Mais le leader de la Belgique a dû affronter des incidents mécaniques. Une première crevaison à 89km de l’arrivée. Puis 15 kilomètres plus tard, un problème de selle l’a forcé à s’arrêter. Cette fois, son équipe a mis beaucoup plus de temps à intervenir lui faisant perdre de précieuse seconde et provoquant son agacement. Du temps et de l’énergie précieuse perdue pour recoller sur le peloton. Des forces qui lui ont certainement manqué dans le final de l’épreuve.

Un suspense inexistant

Pogacar écrase tout le monde et fait rêver le public en repoussant systématiquement ses limites. Mais, dans le même temps, il détruit tout suspense. Déjà l’an dernier, il était parti à plus de 100 bornes de la ligne pour s’imposer seul en ne portant qu’une attaque décisive. À Zurich, dans les derniers kilomètres, le Slovène avait vu l’écart fondre pour ne s’imposer qu’avec 34 secondes d’avance sur le second (Ben O’Connor). Cette fois à Kigali, même procédé, une seule attaque décisive mais un retard stable constant et jamais moins d’une minute d’avance sur ses poursuivants. Nous condamnant à 50 derniers kilomètres sans le moindre suspense. C’est beaucoup trop fort, plus personne ne peut lui résister. Bis repetita le week-end prochain pour les championnats d’Europe ?

Derrière Seixas, le néant Tricolore

Le sélectionneur des Bleus Thomas Voeckler arrivait plein d’ambitions pour ces championnats du monde. Pourtant, les Tricolores ont eu bien du mal à se distinguer. En dehors de l’éclaircie Paul Seixas (13e), les Français n’ont pas été au rendez-vous. Pavel Sivakov a tenté de lancer un contre à 71 km de la ligne, mais a dû y renoncer une dizaine de kilomètres plus loin faute de jambe (15e à l’arrivée). Pire, la tête d’affiche des Bleus, le double champion du monde et récent vainqueur du Grand Prix du Québec Julian Alaphilippe a jeté l’éponge après 30 km de course. Malade depuis plusieurs jours et dans le dur physiquement, le coureur de la Tudor n’a pu tenir les roues du peloton bien longtemps comme prévu. Pourquoi l’avoir aligné coûte que coûte, la question mérite d’être posé.