Relaxées en première instance, les deux entreprises encourent une amende de 225.00 euros pour ce crash qui a tué 228 personnes.
Seize ans après le crash du vol Rio-Paris AF447 qui a tué 228 personnes, la compagnie Air France et le constructeur Airbus, relaxés en première instance, sont jugés à partir de lundi en appel pour deux mois à Paris pour homicides involontaires. Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s’abîme en pleine nuit dans l’Atlantique, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d’équipage. À bord de l’A330 immatriculé F-GZCP se trouvent des personnes de 33 nationalités, dont 72 Français et 58 Brésiliens.
Le transporteur Air France est poursuivi pour ne pas avoir mis en œuvre une formation de pilotes adaptée aux situations de givrage des sondes Pitot, qui mesurent à l’extérieur de l’avion la vitesse de l’appareil, et procédé à une information suffisante des équipages, ce qu’il a toujours démenti. La compagnie «continuera à démontrer, désormais devant la cour d’appel, qu’Air France n’a pas commis de faute pénale à l’origine de cet accident», a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Quant à Airbus, la justice lui reproche d’avoir sous-estimé la gravité des défaillances des sondes anémométriques et de n’avoir pas pris toutes les dispositions nécessaires pour en informer d’urgence les compagnies aériennes qui en étaient équipées, ce que le constructeur conteste également. «Airbus apportera sa pleine contribution au procès en appel (…) afin de continuer à éclairer la compréhension de ce tragique accident, en accord avec l’engagement total de la société en matière de sécurité des vols», a-t-il déclaré dans un communiqué.
Amende de 225.000 euros
Alors que le ministère public avait requis, en première instance, la relaxe des deux entreprises, le parquet général a tout de même fait appel du jugement «afin de donner leur plein effet aux voies de recours prévues par la loi et soumettre l’affaire à un second degré de juridiction». Sur les 489 parties civiles constituées lors du procès de première instance, 281 se sont jointes à l’appel dans ce dossier aux 20.000 cotes de procédure s’étalant sur 105 tomes. «Certaines se sont lassées, ont lâché la rampe, pour essayer de tourner la page. D’autres sont toujours extrêmement combatives et veulent absolument que justice soit rendue et que la vérité soit clairement dite au plan judiciaire», a déclaré Me Alain Jakubowicz, avocat de nombreuses parties civiles.
Pour cet accident aérien, passé à la postérité par la célèbre photo de la dérive tricolore arrachée à l’avion flottant au milieu de l’océan Atlantique, Air France et Airbus seront jugées jusqu’au 27 novembre par la cour d’appel de Paris. Elles encourent 225.000 euros d’amende. Selon le calendrier prévisionnel, le premier mois du procès sera consacré à des auditions de témoins et d’experts. Les représentants d’Airbus et Air France devraient être interrogés à partir du 27 octobre.