Le 9 septembre, Mistral AI, champion européen de l’intelligence artificielle, annonçait une levée de 1,7 milliard d’euros, dépassant ainsi les 10 milliards de dollars de valorisation et devenant la première « décacorne » française. Un exploit passé totalement inaperçu. Et pour cause ! Le même jour François Bayrou remettait au président la démission de son gouvernement.
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Mais c’est bien la preuve que la France dispose encore de fondamentaux économiques solides. Elle innove, attire, crée de l’emploi. Elle reste le deuxième pays d’Europe pour le nombre de brevets déposés avec des chercheurs et des entreprises à la pointe dans des secteurs stratégiques comme l’aéronautique ou le nucléaire. Et elle est encore la première destination européenne des investissements étrangers.
Une irresponsabilité politique
On voit bien cependant les indicateurs et les projets virer progressivement au rouge, menacés par l’irresponsabilité politique. Comme en 2024, et comme nous le revivrons en 2026, nous allons rejouer la même pièce : le vote du budget et ses compromis mortifères. Les oppositions cherchent à enfermer le gouvernement dans un dilemme intenable : être renversé ou capituler devant le chantage fiscal de la gauche. Voilà comment, par cynisme et calcul politicien, ils abîment les atouts de la France.
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Du côté des populistes, la stratégie est limpide : mettre Macron au pied du mur, quitte à mettre la France à terre. La France insoumise va censurer le gouvernement « dès l’ouverture de la session parlementaire ». Le RN est dans son double langage habituel : faire mine de laisser sa chance au Premier ministre pour mieux le censurer le moment venu. Un désastre pour notre crédibilité auprès des partenaires européens comme des investisseurs étrangers.
Du côté du Parti socialiste, c’est un véritable chantage à la frénésie fiscale qui s’exerce. La taxe Zucman est devenue la nouvelle bible : quelques mois de sursis achetés au prix de l’aberration économique de taxer les outils de production de richesse. Quant à son rendement, mystère : 20 milliards selon son concepteur, 15 milliards selon les socialistes, à peine 5 milliards pour les économistes sérieux qui prennent en compte les réactions des contribuables visés, à commencer par l’exil fiscal. En revanche, le coût d’une telle mesure est déjà là : l’incertitude, l’absence de visibilité et la perte de confiance pour tous ceux qui veulent entreprendre, investir et innover en France. Le Premier ministre l’a bien compris. Mais la position du Parti socialiste a suffi à relancer le concours Lépine de l’impôt au sein d’une partie de la classe politique. Une boîte de Pandore qui désormais ne se limite plus aux 1 800 ultrariches pointés du doigt : après le retour de l’ISF lui aussi exclu par Sébastien Lecornu, voilà la hausse du prélèvement forfaitaire unique, l’augmentation des prélèvements sociaux, la prolongation de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus… Autant de débats durant lesquels la droite de gouvernement devra opposer la raison à la frénésie et peser de tout son poids si elle ne veut pas définitivement se discréditer en 2027.
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Enfin, il y a le président de la République lui-même. Emmanuel Macron s’agite à l’international comme si de rien n’était. Il se rêve en arbitre des crises mondiales sous le regard incrédule de ses homologues. Pourtant, dans l’Hexagone, toute la politique économique de son premier quinquennat est méthodiquement remise en question. Le décalage est abyssal.
Vivoter ainsi est intenable. Mais dissoudre une nouvelle fois serait encore pire. Il n’y aurait pas plus de majorité claire à la sortie des urnes tant le rejet contre le président est fort. Mais lui-même alors une nouvelle fois désavoué n’aurait pas d’autres choix cette fois que de démissionner, enclenchant dans les pires conditions une présidentielle anticipée dont on doit rappeler que le nouvel élu ne pourrait plus dissoudre pendant un an. L’enfer absolu. Désormais, le compte à rebours est lancé. Chaque semaine perdue dans l’immobilisme, chaque compromis mortifère fragilise un peu plus les atouts considérables dont la France dispose encore. Ils vont nous couler ?
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