À 37 ans, la Californienne Jessica Kuhn a entamé ses activités de consule des États-Unis pour la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie, basée à Bordeaux. « Sud Ouest » l’a rencontrée.
Jessica Kuhn intervenant lors du départ de son prédécesseur Hector Brown le 30 juin dernier à l’hôtel Fenwick de Bordeaux.
Jean-Michel Selva / SO
Avant votre arrivée à Bordeaux, on a beaucoup parlé ici d’une éventuelle fermeture du consulat de Bordeaux. Qu’en était-il vraiment ?
Au début du mandat de Donald Trump, Washington a conduit une étude sur toutes les missions diplomatiques américaines dans le monde. Aucune communication officielle n’a été faite au sujet une éventuelle fermeture du consulat de Bordeaux. Après les conclusions, le département d’État [équivalent du ministère des Affaires étrangères, NDLR] a décidé de ne rien changer.
Votre prédécesseur Hector Brown passait beaucoup de temps à Toulouse. N’a-t-il pas eu l’intention de déplacer le consulat vers la Ville rose au détriment de Bordeaux ?
Non, il n’en a jamais été question. Même si Toulouse est très important pour nous au niveau de la défense, l’aéronautique, l’espace, nous avons une relation très spéciale avec Bordeaux. C’est notre première représentation diplomatique dans le monde entier.
Vous aviez annoncé lors du départ de votre prédécesseur fin juin dernier que le nouvel ambassadeur américain en France, Charles Kushner, souhaitait venir à Bordeaux. En savez-vous d’avantage aujourd’hui ?
On ne sait toujours pas quand il viendra à Bordeaux, mais ce sera dans le courant de l’année 2026. La proximité de notre ambassadeur avec la Maison-Blanche [Charles Kushner est le père du gendre de Donald Trump, Jared, marié à Ivanka Trump, la fille aînée du président américain] est une opportunité pour la relation franco-américaine, et donc pour votre région.
Jessica Kuhn, la nouvelle consule des USA à Bordeaux, le 24 septembre dernier au siège de « Sud Ouest ».
Thierry DAVID / SO
Le contexte politique entre les États-Unis et le reste du monde est un peu mouvementé, en particulier à cause des droits de douane instaurés par Donald Trump, et notre région est touchée, tout spécialement le secteur viticole. Comment allez-vous gérer cela avec vos partenaires économiques ici ?
Après des mois d’incertitude, aujourd’hui il y a un cadre et il faut faire avec. Ce qui est important, c’est le lien déjà très important entre la France et les États-Unis. Il y a énormément d’échanges entre les entreprises américaines et françaises. Mon travail va être de trouver comment on peut renforcer ces liens, et surtout avancer ensemble. Et je suis franchement optimiste.
En 2026, vous allez fêter le 250e anniversaire de l’indépendance des États-Unis. Comment cela va-t-il se traduire dans notre région ?
Déjà, avec l’histoire de Lafayette et Bordeaux dans notre histoire [il partit de Pauillac, en Gironde, vers l’Amérique en 1777 pour aider les insurgés de Washington sur le navire « La Victoire », construit et acheté à Bordeaux], la place de cette ville devrait être importante dans ces célébrations. Sous quelle forme, on ne sait pas encore. Nous allons y travailler avec les associations locales.
« Je peux vous annoncer que je suis enceinte, et nous attendons donc une future petite Bordelaise »
Quel a été votre parcours professionnel jusqu’à aujourd’hui ?
Mon premier poste a été à Haïti. Ce fut une très belle expérience. Puis, j’ai été nommé à Mexico, où j’ai passé deux années avant de retourner à Washington. Là, j’ai travaillé pour deux secrétaires d’État, Mike Pompeo sous la présidence de Donald Trump, et Antony Blinken lors du mandat du président Joe Biden – pendant une période forte, celle du Covid.
Courant 2021, on m’a envoyée à Islamabad, au Pakistan. Ce fut un moment intense car j’étais là pendant la chute de Kaboul, en Afghanistan, le pays voisin, et l’arrivée des talibans au pouvoir. C’est pour moi une expérience inoubliable. Et enfin, j’ai été affectée en Argentine, où je suis restée trois ans. Je travaillais sur les questions de sécurité entre nos deux pays. À cette période, j’ai pu vivre les élections présidentielles argentine, qui a vu l’arrivée au pouvoir du président Javier Milei, et américaine avec le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump.
Vous parlez parfaitement bien le français. D’où vous vient cet intérêt pour notre langue ?
En tant que francophone, j’ai une affinité particulière pour la France et je suis d’ailleurs mariée avec un Français. Mon mari est originaire de Lille. J’ai déjà arpenté la France avec mon époux, la Bretagne, la Normandie et également le Sud-Ouest. Je connais déjà un petit peu Biarritz, Bayonne et Bordeaux. Nous n’avons pas encore d’enfant, mais je peux vous annoncer que je suis enceinte, et nous attendons donc une future petite Bordelaise. Nous sommes vraiment ravis d’agrandir notre famille ici à Bordeaux.
En dehors de vos missions consulaires, à quoi occupez-vous votre temps libre ?
J’aime particulièrement la cuisine et le yoga. Je suis aussi une grande amatrice d’émissions culinaires ainsi que de séries comme « Gilmore Girls », « Friends » et, plus récemment, « The White Lotus ». Et je suis une fan du Tour de France, que j’ai connu grâce à la série Netflix « Au cœur du peloton ». J’ai eu la chance l’été dernier d’assister à une arrivée mythique du Tour à Superbagnères, un rêve pour la passionnée que je suis. Et j’ai appris que le Tour passera par Bordeaux l’année prochaine. C’est une opportunité pour nous tous.