Mardi 23 janvier 2024, à 6 h 30, sur le parking du Castorama de Saint-Jacques-de-la-Lande, alors qu’une opération policière d’ampleur se prépare pour interpeller « 15 objectifs majeurs » du trafic de stupéfiants au Blosne, une Audi, balisée par la police, fait le tour du dispositif policier. À l’intérieur du véhicule, les délinquants qui devaient être interpellés poussent la moquerie jusqu’à filmer le dispositif. L’opération éventée, les policiers se résignent à lever le dispositif, avec l’accord de l’autorité judiciaire. Près de 160 fonctionnaires avaient été mobilisés : équipes cynophiles, PJ de Rennes avec des renforts venus d’Angers et de Nantes, le Raid de Rennes, la BRI de Nantes et des éléments de la CRS 82 de Saint-Herblain.

Aussitôt, une « fuite policière » est soupçonnée. Le parquet de Rennes ouvre immédiatement une enquête, confiée à l’Inspection générale de la police (IGPN), « afin de rechercher les raisons de ce dysfonctionnement inadmissible et identifier les éventuels auteurs d’une violation du secret de l’instruction », expliquait, Philippe Astruc, le procureur de l’époque. Objectif : chercher qui a pu donner l’information aux trafiquants. Analyses des téléphones, vérification des consultations de fichiers, audition des fonctionnaires….

Quelques dizaines de mois plus tard, l’IGPN n’a rien trouvé, indique une source au fait du dossier. « L’affaire a été clôturée sans que rien ne soit trouvé. La procédure a été transmise au procureur. » Contacté la semaine dernière, celui-ci n’a pas répondu à nos sollicitations.

Le commissariat surveillé ?

Une autre piste est évoquée en off. « Nous avons su, qu’afin de donner l’alerte en cas d’opération de police de grande ampleur, le mardi matin entre 5 h et 6 h 30, des trafiquants avaient mis en place une surveillance discrète du commissariat, explique une source proche du dossier. Les délinquants savent bien qu’en matière de trafic de stupéfiants, les gardes à vue peuvent durer 96 h. Ce qui permet que les déferrements soient terminés vendredi après-midi. »

Si l’origine d’une éventuelle fuite n’a pas été détectée, la police a tout de même réussi à interpeller une dizaine de personnes recherchées. « Les têtes de réseau sont parties au Maroc. Il n’est pas exclu que nous réussissions quand même à les interpeller. »