découvrez le métier oublié de peintre en lettres

Alexis Fidelin est peintre en lettres. Si ce métier ne vous dit rien, c’est qu’il a bien failli disparaître avec l’avènement de l’impression numérique sur vinyle. Basé à Semur-en-Auxois (Côte-d’Or), le Bourguignon de 36 ans peint des enseignes, logos et vitrines dans toute la France.

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Le métier de peintre en lettres avait presque disparu en France à la fin du XXe siècle. Mais ces dernières années, cet art trouve de nouveaux disciples un peu partout dans l’Hexagone. Alexis Fidelin, basé à Semur-en-Auxois (Côte-d’Or), fait partie de cette nouvelle génération bien déterminée à (re)dorer le blason de cette profession.

En 2018, Alexis Fidelin a décidé de tout quitter pour se lancer dans la peinture en lettres. « J’ai toujours aimé le travail de la lettre », confie-t-il. « Je m’appliquais déjà sur mes cahiers maternels, quand il fallait apprendre à écrire, ça m’a toujours parlé et fasciné. J’ai toujours dessiné principalement des lettres, vraiment de façon très libre, pendant toute ma jeunesse. »

Le Bourguignon n’a jamais fait d’école liée à l’art ou au graphisme pour développer ses talents. Pendant des années, c’est d’abord dans la restauration et le monde des vins qu’il gagne sa croûte. Employé comme caviste ou encore sommelier, dès qu’il avait un peu de temps libre, il troquait volontiers la bouteille en verre pour le crayon à papier.

« Je dessinais des logos pour des potes qui ouvraient des restos, des bars à vin, des choses comme ça… » se souvient-il. « C’est là que j’ai vu que ce métier de peintre en lettres revenait un petit peu sur le devant de la scène, il y a peut-être 15 ans. Cela m’a tout de suite parlé, parce que j’ai vu l’application, que ce soit dans des lieux que j’aimais bien, des restaurants, des choses comme cela, et puis l’application de la lettre elle-même. J’ai trouvé que pour moi c’était un peu le métier ultime. »

Je me disais que ce serait dommage de ne pas essayer

Alexis Fidelin

peintre en lettres

Finalement, c’est en s’installant à Lyon qu’Alexis Fidelin décide de tenter sa chance, non sans passer par une phase de tests. « Il y a le travail de savoir dessiner des lettres, connaître un peu les règles de typographie, mais après il y a l’application avec des peintures spécifiques, des pinceaux spécifiques, des techniques vraiment propres à ce métier », rappelle-t-il. « Je me suis entraîné pendant des semaines à faire des traits droits, à faire des lettres de plus en plus propres, et puis j’ai quelques copains qui avaient des restos, des boutiques à Paris, qui m’ont laissé faire leurs devantures, et puis après c’était parti. »

Lancé en pur autodidacte, à 36 ans, Alexis Fidelin est désormais fort de sept années d’expérience. Le Semurois est plus que jamais satisfait par ce choix de vie. « Il y a pas mal de déplacements, mais globalement je fais des choses très variées », commence-t-il, avant de préciser : « cela peut aller de repenser une identité graphique à peindre un logo existant en apportant mon petit twist. »

À ses débuts, son activité a surtout été propulsée par le bouche-à-oreille. Aujourd’hui, le peintre en lettres s’est désormais forgé une petite réputation à Paris et à Lyon. Avec plusieurs chantiers prévus chaque mois, il exerce ce métier à plein-temps. Le prix de ses réalisations peut varier en fonction du travail à effectuer et du temps à investir.

Aujourd’hui ce qui fait aussi la diversité des peintres en lettres, c’est qu’on a tous des parcours différents, des apprentissages différents, et cela crée une certaine richesse dans le métier

Alexis Fidelin

peintre en lettres

Armé de pinceaux à poils longs et plats, dits martres, de peintures sans plomb, laquées ou émaillées « extrêmement durables et résistantes », et d’une panoplie de techniques, Alexis Fidelin peint sur toutes les surfaces. Il utilise aussi des feuilles d’or 24 carats, pour donner un caractère plus noble à ses créations.

Appelé dans tout l’Hexagone, le peintre espère désormais développer son réseau en Bourgogne. Dans la région, ils sont déjà nombreux à avoir confié leur identité visuelle à son expertise. La droguerie Buffon à Semur-en-Auxois, l’Arche des vins à Beaune, les restaurants éphémères RADE de Romain Tischenko et Ioulia Gourieva, ou encore Silenes à Saulieu, pour ne citer qu’eux.

Quand le soleil brille sur Semur-en-Auxois, les pavés de la rue Buffon se parent d’une lumière dorée. Ici aussi, Alexis Fidelin a laissé une trace, sur la vitrine de la droguerie du quartier. Quand Caroline Rosnet regarde son enseigne, elle s’émerveille devant ces lettres habillées de feuilles d’or.

« C’est vraiment magnifique », assure la gérante. « Cela colle parfaitement à ma philosophie de faire le choix du beau et de l’artisanat local. Aujourd’hui, j’ai une belle boutique unique en son genre grâce à Alexis. »

Le chantier du peintre en lettres a duré trois jours. La réalisation a été facturée à environ 1 800 €. Si cela représente une somme nettement plus importante qu’un simple sticker industriel, Caroline, elle, se félicite d’avoir fait le choix de « la qualité » et qui plus est, celui « de la durabilité ». « Je lave la vitrine quasiment tous les jours, rien ne bouge, je suis convaincue que cela sera encore là pendant très longtemps et j’en suis très satisfaite. »

Alexis Fidelin espère désormais que le métier puisse se stabiliser, avec pourquoi pas la « création de formations » par exemple. En attendant, à sa manière, il compte bien laisser la trace de son pinceau, pour prouver que sa profession de cœur n’a pas disparu.