Raphael Glucksmann photographié sur la plateau de France 2, le 4 juillet 2024

BERTRAND GUAY / AFP

Raphael Glucksmann photographié sur la plateau de France 2, le 4 juillet 2024

POLITIQUE – Alors que les partis commencent à s’organiser dans la perspective d’une nouvelle dissolution, c’est une tout autre élection qui agite ce mardi 30 septembre le landerneau politique. L’institut de sondage Ifop a publié en début de journée une étude particulièrement explosive à 20 mois de la prochaine présidentielle.

Et à laquelle n’ont pas manqué de réagir plusieurs élus : très satisfaits pour les partisans de Raphaël Glucksmann, plutôt outrés chez les insoumis, et carrément fâchés pour les écologistes, en colère d’être totalement exclus de la photographie statistique. Décrit comme « historique » par François Kraus, directeur du pôle politique de l’Ifop, le sondage a aussi de quoi inquiéter sévèrement le bloc central.

Édouard Philippe, qui caracolait à plus de 22 % régulièrement dans les intentions de vote, émarge désormais péniblement sous les 20 % au premier tour, peu importent les configurations testées. C’est le seul au sein du socle commun en mesure de se qualifier au second tour, les éventuelles candidatures de Gabriel Attal, Gérald Darmanin ou François Bayrou ne dépassant pas la barre des 10 %. Pis, le palois s’écraserait à 3 %. Un naufrage à mettre en lien avec son passage chaotique à Matignon.

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Pour François Kraus, contacté par Le HuffPost, Édouard Philippe « est victime de la plongée du bloc central dans les abîmes, et des effets de l’immobilisme provoqué par la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale ». À l’impopularité du président de la République qui assombrit l’horizon de tous les alliés macronistes, s’ajoutent deux candidatures qui plombent Édouard Philippe, et notamment celle encore un peu nébuleuse de Dominique de Villepin. L’ancien Premier ministre qui fait autour de 5 % est aussi bien capable « d’aller chercher des points chez Édouard Philippe que chez Jean-Luc Mélenchon ». De quoi encourager des maires socialistes à parrainer sa candidature s’il se maintient ?

Un certain nombre d’électeurs qui étaient acquis au Havrais fuient aussi chez Raphaël Glucksmann qui confirme ainsi, depuis les européennes, sa capacité « à séduire les déçus du macronisme ». C’est d’ailleurs dans les chiffres affichés du leader de Place Publique que se situe, selon François Kraus, le caractère inédit et nouveau de l’étude, puisqu’elle « marque un retour de la gauche sociale-démocrate dans la cour des grands, et la sortie du trou noir qu’a été le hollandisme ». Affichant entre 14 et 16 % des intentions de vote, Raphaël Glucksmann figure en bonne position pour une qualification au second tour.

Le retour de la gauche sociale-démocrate

De quoi fâcher aussi la France Insoumise dont « le récit se base sur la domination à gauche », poursuit le spécialiste. « Ça montre que la gauche a une chance de se qualifier au second tour sans que Jean-Luc Mélenchon s’impose », détaille François Kraus qui balaie par ailleurs les critiques des élus insoumis qui accusent l’étude et « l’institut OPIF (sic) » d’avoir minoré l’échantillon de voix de Jean-Luc Mélenchon. Pour le spécialiste, c’est simplement la continuité des régulières charges venant de LFI à l’égard de l’institut.

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D’autant qu’a priori il n’y a pas de raison de se fâcher avec les données, insiste François Kraus : « le socle de Jean-Luc Mélenchon apparaît solide, et on sait tous sa capacité à mener des campagnes et à enregistrer des dynamiques élevées, tout l’inverse d’Édouard Philippe qui en tant que sortant risque de voir son score s’éroder ». Des chiffres qui ne démentent pas, par ailleurs, les rapports de force des dernières européennes où la liste insoumise était arrivée derrière celle menée par Place Publique même si, en l’espèce, note le spécialiste, il y a peut-être un effet moins puissant autour de la personnalité de Jean-Luc Mélenchon qu’auparavant.

Face à ces glissements à gauche et dans le bloc central, il y a bien un élément de la photo actuelle qui ne souffre d’aucun changement : l’extrême droite apparaît plus puissante que jamais, avec un score cumulé de 40 % d’intentions de vote. Et gage que chez les électeurs du RN c’est désormais bonnet blanc et blanc bonnet entre Marine Le Pen et Jordan Bardella, ils caracolent en tête entre 33 et 35 % d’intentions de vote. Et ce n’est pas, pour le moment, Bruno Retailleau et ses 9 % d’intentions de vote qui semblent en position de changer la donne.