Par
Yann Rivallan
Publié le
30 sept. 2025 à 19h12
L’attitude du prévenu détonne avec la violence des faits. Abdoulaye*, père de famille âgé de 45 ans, est renvoyé devant le tribunal de Rouen pour avoir frappé sa fille de 17 ans, le 20 août 2025 à Sotteville-lès-Rouen. Un différent qui serait lié, d’après le prévenu, à l’attitude désinvolte de sa fille et « ses mauvaises notes ».
« Elle prend la fuite »
En cette fin de mois d’août, Assa*, 17 ans, se trouve dans un centre aéré quand elle apprend que son père, avec qui les relations sont souvent conflictuelles, est en route pour venir la chercher avec sa nouvelle compagne.
« Elle prend directement la fuite vers l’arrêt de métro le plus proche », rapporte le président du tribunal. Mais son père l’intercepte : « Tu m’évites ? », aurait-il demandé à cette dernière, avant de la faire monter de force dans la voiture.
Il voulait la conduire chez sa grand-mère, qu’elle n’aurait pas vue depuis longtemps.
« J’ai peur pour son avenir »
Une fois devant le domicile de la grand-mère, à Sotteville-lès-Rouen, Abdoulaye aurait, selon le témoignage de sa fille, commencé à lui asséner des coups de parapluie dans la voiture.
Ensuite, il l’aurait traînée au sol dans la rue, avant de lui asséner « une gifle et un coup de poing », rapporte le président. Tout ça en pleine journée et sous les yeux d’une commerçante qui a appelé la police en voyant la scène.
Aujourd’hui, le père de famille reconnaît avoir été « dépassé par les événements. » : « Je n’aurais jamais dû réagir comme ça, en temps normal je fais preuve de calme. » Selon lui, sa fille a « une scolarité catastrophique », qui l’a conduit à être exclue à plusieurs reprises. Elle a aussi « de mauvaises notes ».
J’ai peur pour son avenir.
Le père de la victime
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Il indique avoir « reçu des coups » de sa fille au moment des faits et que cette dernière l’aurait copieusement insulté. Mais l’exploitation des caméras de vidéosurveillance dans la rue vient contredire ses propos. Seules les violences commises par le père apparaissent.
Un père de famille au casier bien rempli
Les justifications du père de famille passent mal. Son casier judiciaire comporte de nombreuses mentions, dont « des violences sur conjoint ou avec arme », note le président. Sans compter des faits d’escroquerie, de vols, des délits routiers et du trafic de stupéfiants.
Dans une précédente affaire auprès du juge des enfants, il était noté qu’Assa aurait subi des violences « de ses deux parents », rappelle le président. « Oui, il y a eu des violences de sa maman, assure le prévenu. Mais [Assa] affabule beaucoup aussi. »
Elle « ne veut plus avoir de contacts avec son père »
Pour l’avocate de la partie civile, les violences sont inacceptables et ont été commises « en plein jour », aux yeux de tous. « Aucun enfant ne devrait subir un déchaînement de violences pareil », poursuit-elle.
Depuis cet épisode le 20 août, Assa « ne veut plus avoir de contact avec son père », plaide-t-elle. Pour ces faits, elle demande au tribunal une interdiction d’entrer en contact avec la victime et de paraître à son domicile. De plus, elle demande la somme de 1 200 euros pour son préjudice.
La mère d’Assa, présente à cette audience, se dit à la barre « très choquée » par les événements et sollicite elle aussi 1 200 euros.
Le procureur de la République reste choqué par ce récit de violences : « Comment peut-on donner un coup de poing à son enfant ? » Au vu des antécédents judiciaires d’Abdoulaye, il a « du mal à croire [à ses excuses] », malgré le comportement qu’il présente devant la cour.
Il requiert une peine de 10 mois de prison avec sursis et une interdiction de détenir une arme pendant plusieurs années.
Le père de famille condamné
« Ce sont des faits graves et inadmissibles, admet l’avocate de la défense dans sa plaidoirie. Mon client reconnaît les faits et les regrette. » Mais elle tient à préciser que rien n’établit qu’il y a eu des violences « avec le parapluie ».
Plusieurs témoins viennent contredire cette hypothèse, selon elle. De plus, la jeune fille n’a reçu « aucune incapacité totale de travail ». Elle demande donc aux juges de ne pas retenir cette circonstance aggravante.
Concernant les mentions au casier judiciaire de son client, elles sont « pour la plupart assez anciennes », souligne-t-elle. Depuis, Abdoulaye est inséré. Il bénéficie d’un suivi psychologique et n’a « aucun problème de violences dans sa vie familiale ».
Au final, le tribunal condamne le père de famille à hauteur des réquisitions du procureur. Il est reconnu coupable et écope d’une peine de 10 mois de prison avec sursis, une interdiction de détenir une arme pendant 2 ans, une interdiction d’entrer en contact avec la victime et de paraître à son domicile. Il devra aussi indemniser sa fille à hauteur de 1 200 euros et verser 400 euros à son ex-conjointe.
*Le prénom a été modifié
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