Installé dans une paisible résidence du quartier Dromel, dans le 9e arrondissement de Marseille, le jeune couple originaire de la région lyonnaise ne payait pas de mine. Pourtant, au deuxième étage d’un immeuble un brin vieillot du boulevard Romain-Rolland, leur appartement aurait pu suffire à alimenter les adeptes du Burning Man en drogues de synthèse sur toute la durée du festival.

Près de dix kilos d’ecstasy et autres substances stupéfiantes plus ou moins exotiques ont été découvertes la semaine dernière par les policiers de l’unité stupéfiants et économie souterraine (Uses) de la division centre lors d’une perquisition. Le trafic, vraisemblablement opéré par le couple lui-même, en dehors des grands réseaux habituels, fructifiait depuis plusieurs mois au moins, selon un mode opératoire dans l’air du temps : des messageries chiffrées et des livraisons discrètes dans toute la ville.

Mais de façon beaucoup plus traditionnelle, c’est un « tuyau », un renseignement anonyme parvenu jusqu’aux enquêteurs, qui est venu mettre à mal les bonnes affaires du couple. Les recoupements laissaient penser que l’appartement recelait de belles quantités de drogue, d’autant que l’occupant des lieux était déjà connu pour des faits de trafic de stupéfiants.

Des drogues de synthèses par kilos dans l’appartement

En fin de journée, le 23 septembre 2025, les policiers du commissariat de Noailles ont donc pris le chemin du boulevard Romain-Rolland, précédés par équipage de la Bac et leur bélier. Sitôt la porte dégondée, un chien spécialisé dans la détection de stupéfiants a reniflé toutes sortes d’effluves suspects, permettant de découvrir, outre quelque 6000€ en liquide, une cargaison aussi importante que diversifiée.

Outre 4kg d’herbe et de résine de cannabis, et tout de même 700g de cocaïne, le gros du stock était composé de produits de synthèse : pas moins de 8 kg d’ecstasy, un peu plus loin, quelques centaines de grammes de cristaux de MDMA (le principe actif de l’ecstasy), quelques grammes de kétamine (un puissant anesthésiant détourné de son usage médical et vétérinaire) et plus d’un kilo de 3-MMC, un « stimulant » aux effets proches de ceux de la cocaïne, prisé par les adeptes de « chemsex », apparu voilà seulement quelques années sur le marché des drogues de synthèse.

Le suspect de tout juste 34 ans, interpellé au côté de sa compagne, âgée de 24 ans, s’est montré peu loquace, sinon pour disculper la jeune femme. Mais les téléphones saisis ne laissaient guère de doute sur les activités. Messages de livraison, commandes, et même publicité sur des groupes de messageries chiffrées, tels que Telegram et Signal, ainsi que sur le réseau social Snapchat…

Les éléments sans équivoque ont emmené le jeune homme jusqu’au box des comparutions immédiates, ce lundi, tandis que sa compagne était laissée libre à l’issue de la garde à vue. Le procès a néanmoins été renvoyé et dans l’attente, le prévenu a été placé en détention provisoire.