Même si elle est considérée comme étant plus sûre que la cigarette classique, on sait désormais que sa cousine électronique ne l’est pas à 100 %. Outre le désastre que représentent les « puffs », le vapotage (l’inhalation des aérosols notamment) est déjà associé à un affaiblissement du système immunitaire, risque d’endommagement de l’ADN et vapotage passif nocif, particulièrement chez les enfants. Son image d’alternative saine à la cigarette classique est donc bien plus écornée qu’auparavant, maintenant que nous avons le recul suffisant pour en connaître ses effets au long terme.
Une vaste étude publiée au mois de juin dans la revue AJPM Focus vient encore enfoncer le clou, puisqu’elle a établi un lien entre le vapotage et un risque accru de développer un prédiabète.
Cigarette électronique : une bombe à retardement pour le métabolisme ?
L’étude en question a été menée par une équipe dirigée par Sulakshan Neupane, économiste de la santé à l’Université de Géorgie. Les chercheurs ont analysé plus de 1,2 million de données issues d’enquêtes menées par le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) aux États-Unis. En exploitant ces dernières, ils ont ainsi pu mesurer la probabilité de développer un prédiabète selon le type de consommation : vapotage seul, tabagisme seul, ou double usage (tabac et vapotage).
Selon la définition de la Fédération Française des Diabétiques, « le prédiabète est un trouble glycémique qui se tient sous la définition du diabète proprement dit ; c’est-à-dire que la glycémie à jeun se situe entre 1,10 g/L et 1,25 g/L (une glycémie normale à jeun est inférieure à 1,10 g/L) ». Cet état intermédiaire montre que l’organisme commence déjà à se dérégler sur le plan métabolique, même si la personne ne souffre pas encore de diabète de type 1 ou 2. Il n’est malheureusement pas sans danger, car même à ce stade, le cœur, les reins et les nerfs peuvent déjà être endommagés.
Les chercheurs ont observé que les personnes qui consommaient uniquement via cigarette électronique avaient 7 % de chances en plus d’être en situation de prédiabète par rapport aux non-fumeurs. À l’échelle des États-Unis, cela représente environ 7 000 cas supplémentaires pour chaque million de vapoteurs. Chez les fumeurs de tabac classique (cigarettes, cigares), ce risque était plus que doublé : +15 % en comparaison à ceux qui ne fument pas du tout.
Les personnes les plus à risques sont celles faisant usage des deux (cigarette électronique et tabac par inhalation) ; dans leur cas, la probabilité d’avoir un prédiabète bondissait de 28 %, et leur risque de développer un diabète confirmé augmentait de 9 % par rapport aux non-fumeurs. Un chiffre supérieur au risque observé chez les fumeurs de tabac seul, qui était de 7 %.
Parmi leurs conclusions, les chercheurs ont également noté qu’il subsistait certaines inégalités face à ces risques ; les personnes en surpoids ou obèses étaient plus vulnérables, tout comme les minorités hispaniques, noires et asiatiques par rapport aux individus blancs. Des différences que la biologie seule n’explique pas, puisqu’on sait que ces minorités aux USA affrontent parfois une autre réalité. Salaires plus bas, un accès limité aux services de santé, stress chronique lié à leurs conditions de vie, etc.
C’est ce qu’explique, en toute franchise, Neupane en commentant son étude : « Les personnes qui ne gagnent pas assez subissent davantage de pression psychologique et ont tendance à fumer ou à boire pour y faire face, ce qui accroît les facteurs de risque ».
Une étude à interpréter avec prudence
Attention néanmoins, cette recherche reste une étude dite observationnelle ; : les chercheurs se sont contentés d’analyser les réponses d’un grand nombre de personnes, sans suivre directement leur état de santé ni contrôler leur mode de vie. Cela veut dire qu’on ne peut pas affirmer que le vapotage est la cause directe du prédiabète, seulement qu’il existe une forte association entre les deux.
Autres limites méthodologiques : les données étaient déclaratives, ce qui peut induire des biais dans l’analyse (par exemple, une personne qui peut sous-estimer sa consommation) et l’enquête n’a été menée que sur une brève période. Elle ne permet donc pas de savoir si les vapoteurs finissent effectivement par développer plus de cas de diabète sur le long terme.
Il reste toutefois difficile de balayer ces résultats d’un revers de main ; comme c’est souvent le cas lorsqu’il est question d’une problématique de santé publique, on ne doit pas confondre l’absence de certitude avec l’absence de risque. Une nuance essentielle à garder à l’esprit, car ce type de corrélation a déjà précédé la démonstration de causalités plus solides (tabac et cancer du poumon, amiante et maladies respiratoires, etc.). Considérons donc cette étude pour ce qu’elle est : une mise en garde.
- Des chercheurs américains observent un lien entre vapotage et augmentation du risque de troubles liés au sucre dans le sang.
- Les fumeurs et les vapoteurs qui fument aussi sont les plus exposés, avec des probabilités nettement supérieures de développer un diabète.
- Les résultats ne prouvent pas une causalité directe, mais constituent un signal d’alerte difficile à ignorer.
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