Le débat sur le nombre de place dans les crèches publiques à Bordeaux ne cesse de rebondir. Au printemps 2025, le député Renaissance Thomas Cazenave avait affirmé qu’il y a moins de places dans les crèches qu’au début du mandat. Ce mardi 30 septembre, une délibération plutôt anodine sur une garantie d’emprunt accordée par la municipalité à l’association Canaillous pour la création de 20 places en crèche dans le quartier d’Euratlantique relance les hostilités.

Pendant plus d’une heure, la salle du conseil municipal a servi de table de ping-pong entre la majorité et l’opposition. En 2020, fraîchement élu, le maire avait promis la création de 500 places sur la durée du mandat. Depuis, l’opposition n’a de cesse de tenir la comptabilité des créations, et de contester les chiffres officiels. Elle le fait sciemment en cette rentrée où, selon le centriste Fabien Robert, de nombreuses familles seraient confrontées à une véritable pénurie de places en crèche.

Pénurie de personnel

Selon l’adjointe à la petite enfance Fannie Le Boulanger, 496 places ont été créées depuis 2020 soit en direct par la municipalité, soit via son soutien à des structures associatives, soit, enfin, en réservant des berceaux publics dans des crèches privées. Pas très loin, donc, des 500 places promises. Sauf que près de 250 places ont été fermées dans le même temps. Quelque 178 places ont été fermées dans les crèches publiques, dont 60 dans la seule crèche Albert-Barraud en raison de locaux inadaptés. Dans le milieu associatif, les établissements sont confrontés à la pénurie de personnel, ce qui peut entraîner des fermetures : 52 places créées depuis 2020, mais 38 fermetures. Côté crèches privées enfin, il y a eu 80 réservations de berceaux par la mairie, mais 30 fermetures.

«  La politique familiale n’a jamais été prioritaire »

Membre du groupe droite et centre, Géraldine Amouroux note que « le nombre de places en crèches a baissé de 2 %, alors que la population augmente de 3 % par an. Nous saluons l’initiative à Euratlantique, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan des demandes. C’est la même chose avec l’accueil périscolaire du mercredi. Faute de place, on jongle avec les grands-parents, les amis, certains parents prennent des congés sans solde pour garder les enfants. La politique familiale n’a jamais été prioritaire. » Anne Fahmy (Renaissance) ajoute que « vous allez communiquer sur les 250 places nouvelles, mais vous en aviez promis 500 ».

« Faute de place, on jongle avec les grands-parents, les amis, certains parents prennent des congés sans solde »

Adjointe au scolaire, Sylvie Schmitt monte en défense : « Nous avons une dynamique de l’accueil de l’enfance. La population augmente de 3 %, le budget enfance de + 32 %. Nous avons aujourd’hui 1 258 places de plus sur l’accueil du mercredi, et 800 pendant les vacances, c’est un effort exceptionnel. » Fannie Le Boulanger ajoute que dans le périmètre d’Euratlantique, objet de la délibération du jour, la majorité précédente « n’avait prévu aucune place nouvelle en crèches, il a fallu réserver des berceaux ailleurs ».

Fabien Robert lance une dernière pique, en forme de supplique : « On vous demande de tenir compte des difficultés des familles. »