Moins consommateurs d’énergie, outil d’attractivité pour faire revenir les salariés au bureau, et utilisés pour autre chose que travailles, voici les trois tendances des bureaux de demain. 

1. Des bureaux plus économes en énergie



« Si l’immobilier est le second coût financier des entreprises, il représente aussi son premier coût carbone », rappelle-t-on chez Kardham, agence spécialisée en architecture et design d’espaces. « Intensifier les usages pour mieux utiliser les espaces est donc l’un des tout premiers leviers de décarbonation des entreprises. »


S’il faut choisir une tendance vraiment récente, celle-ci semble bien placée. « Car en matière de tendances, c’est plutôt le temps long qui compte, remarque Marc Bertier, sociologue et architecte, directeur Études et Prospective du groupe Kardham. Presque tout ce que nous vivons aujourd’hui a pris racine dans les années 90. Mais le développement durable et l’éco-conception sont plus actuels… et me semblent voués à durer, parce que cette trajectoire s’impose à tous, que ce soit par la réglementation, le développement de la finance durable, et surtout par les conséquences de plus en plus visibles du réchauffement climatique ! »

Chez Leet Design, qui fabrique des cabines acoustiques permettant de s’isoler pour une visio ou pour un échange en tête-à-tête, on note une vraie tendance à consommer du mobilier d’occasion « Sur nos cabines en particulier, on pourrait même parler d’engouement, indique Tristan Bourguet, Responsable grands comptes et chef de produit chez Leet Design.

 Certains clients demandent expressément de la seconde main. Nos cabines sont donc amenées à vivre plusieurs vies, en passant d’un siège social à un autre. »

2. Des bureaux qui donnent envie de (re)venir

Certains ont donné un discret « tour de vis », d’autres ont chanté les louanges du présentiel et d’autres encore ont misé sur les repas gratuits ou les vélos offerts pour  faire revenir leurs équipes en douceur. Mais quelle que soit l’approche, on a bien vu cette année qu’une série de grandes entreprises tentaient de réduire la pratique du télétravail. En France, Amazon, Ubisoft, Publicis, Free, JC Decaux, Air France ou encore Société Générale, ont rendu publique leur volonté de faire marche arrière. Selon le conseil en immobilier d’entreprise JLL, le nombre de jours télétravaillés en France est passé, en un an, de 1,5 à 1,3 en moyenne. 

« Nos clients continuent d’investir dans des bureaux moins grands, car l’effectif est rarement présent à 100%, mais ils demandent surtout des bureaux plus flexibles et plus séduisants pour leurs occupants, de manière à les faire revenir, indique Marouane Sadki, Directeur général de Leet Design. En effet, si les salariés viennent au bureau, ce n’est pas pour se retrouver alignés façon “couloir d’avion”, mais bien pour échanger et pour capter de l’information. Travailler sur un plateau, c’est autre chose qu’être connecté sur Slack. Le mobilier a évolué en conséquence. Les cabines acoustiques reflètent la volonté d’hybridation des bureaux, entre espaces collectifs et possibilité d’isolement. »

3. Des bureaux qui ne servent plus seulement à travailler



Plus surprenant, mais très engageant en termes de marque-employeur : ouvrir son bureau à d’autres usages que le travail.

 « La mise en place d’un pacte entre le public et le privé permet de transformer certains immeubles de bureaux sous-utilisés, voire “échoués” dans leurs quartiers pour les mettre partiellement au service des résidents, reprend Marc Bertier (Kardham). On voit aussi se développer certains usages personnels dans les bureaux, avec par exemple des salariés autorisés à utiliser la terrasse le dimanche pour le goûter d’anniversaire de leurs enfants. La pratique existait déjà dans les startups de manière informelle ; elle est entrée dans les grands groupes. D’autres entreprises autorisent leurs salariés à organiser leurs activités associatives dans les locaux. »



Dans un autre registre, l’entreprise peut faire de ses bureaux un objet d’engagement social, de solidarité. C’est ce que proposent les Bureaux du cœur, qui développe « l’usage des locaux professionnels en accueil individuel d’urgence, le soir et le week-end, lorsqu’ils sont inoccupés. »

L’entreprise accueille ainsi des personnes engagées en réinsertion, qui ne trouvent pas de toit, dorment dans leur voiture ou dans la rue et leur évite ainsi de basculer dans la spirale de la précarité.

L’histoire des Bureaux du Cœur a commencé au Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) de Nantes, à partir de 2017. « Avec notre culture d’entrepreneurs, nous avons essayé de balayer toutes les questions juridiques et assurantielles, comment embarquer nos collaborateurs dans l’aventure, interagir avec les associations partenaires… », explique l’association.
 Toulouse, Vannes, La Rochelle, Besançon, Marseille… Depuis, les Bureaux du cœur ont essaimé dans de grandes villes de France et convaincu 250 entreprises, dont quelques grands groupes mais surtout une majorité de TPE, PME et… startups !