David Jonsson et Cooper Hoffman dans « Marche ou Crève »

Lionsgate

David Jonsson et Cooper Hoffman dans « Marche ou Crève »

CINÉMA – Pour les fans de l’écrivain américain Stephen King, 2025 est vraiment une année chargée. Après Life of Chuck, The Institute, Welcome to Derry ou Running Man, c’est le film Marche ou Crève qui sort en salle ce mercredi 1er octobre. Ce premier roman écrit dans les années 60 alors qu’il était étudiant est l’un de ses plus connus. Le livre qui se voulait une critique de la conscription pendant la guerre du Vietnam, reste profondément d’actualité.

Marche ou Crève se déroule dans une Amérique gangrenée par une crise économique, sociale et politique dans laquelle la jeunesse est mise à l’épreuve. Chaque année, 100 jeunes hommes (50 dans le film) sont tirés au sort pour participer à La Grande Marche, un « jeu » diffusé en direct à la télé.

Le concept est simple, ils doivent marcher sans s’arrêter à un rythme de 4,8 km/h suivis par des soldats et le terrible Commandant (joué par Mark Hamill). S’ils ralentissent, ils reçoivent un avertissement, et au bout de trois avertissements, une balle dans la tête. Il n’y a pas de ligne d’arrivée, le dernier debout remporte un gain de son choix en plus d’une montagne d’argent.

Le récit suit le chemin de croix de Ray Garraty (Cooper Hoffman, fils de Philip Seymour-Hoffman), Peter McVries (David Jonhsson déjà vu dans Alien Romulus), Hank Olson (Ben Wang), Stebbins (Garrett Wareing) ou Barkovitch (Charlie Plummer). Au fil des kilomètres avalés, les amitiés se nouent, les morts atroces s’enchaînent, et les langues se délient. L’occasion de philosopher sur des thèmes variés : l’amour, la mort, la famille, l’amitié, mais aussi le pardon.

La pertinence actuelle de Marche ou Crève

Le roman, paru sous le pseudonyme de Richard Bachman en 1979, près de dix ans après avoir été écrit, a donné naissance au young adult et inspiré des monuments du genre comme Battle Royale ou Hunger Games (dont les adaptations ont d’ailleurs été réalisées par Francis Lawrence). Dans le livre de Stephen King, les paraboles de la loterie et de la marche illustrent la conscription pour la Guerre du Vietnam. Mais même en 2025, elles trouvent une résonance à plusieurs niveaux.

Mark Hamill est le Commandant ans « Marche ou Crève »

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Mark Hamill est le Commandant ans « Marche ou Crève »

Il y a d’une part le paysage fantomatique. Dans le film, ce sont les États-Unis qui sont dévastés par un évènement mystérieux, le « danger » n’est pas lointain. Il est dans les carcasses de voitures et d’animaux qui jonchent le bord de la route, le regard vide des enfants qui voient passer les marcheurs, et dans la situation globale qu’évoquent les personnages. Difficile de ne pas voir dans cette description quasi-postapocalyptique un présage, ou une mise en garde.

Il y a ensuite la censure culturelle, celle qui a coûté très cher au personnage de Garraty, et à laquelle les Américains sont malheureusement de plus en plus confrontés depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Et puis il y a aussi la vision de la téléréalité et du « spectacle » qu’offrent les souffrances des jeunes hommes engagés dans la marche.

L’intrigue n’offre qu’à la toute fin un aperçu de ce show avec les centaines de spectateurs venus assister à la dernière mise à mort, comme à une corrida. Mais cette absurdité est évoquée en permanence et prend tout son sens à l’heure où les réseaux sociaux sont rois. Les marcheurs s’adressent aux téléspectateurs invisibles qui les scrutent depuis des caméras cachées dans les voitures des militaires, les insultent et les maudissent.

Les messages d’espoir

Mais ils leur font passer aussi des messages moins sinistres. Plus encore que le roman, le film se concentre sur les liens très solides tissés par Garraty et McVries et les deux copains avec qui ils forment « les Mousquetaires », mais aussi avec les autres marcheurs. Marche ou Crève est une œuvre sur la camaraderie et la solidarité au sens le plus pur. Les jeunes hommes s’épaulent à travers les crampes, se soutiennent lorsqu’ils s’endorment, se sauvent la vie, s’empêchent de craquer ou d’abandonner.

Et dans leurs échanges, si le désespoir est poignant, c’est pour beaucoup la volonté de changer de vie, et pour certains de changer le monde qui les anime. Jusqu’à une fin qui surprendra tous les spectateurs, à commencer par les lecteurs du roman.

Marche ou Crève n’est pas un « Stephen King » comme les autres. Il n’y a pas de monstre, ni de magie, ni de clown tueur psychopathe, mais une tension presque douloureuse. Le long-métrage embarque les spectateurs de force dans un périple stressant, horrible souvent, mais aussi profondément émouvant. Un voyage qui, comme pour les Marcheurs, nous empêche de reprendre notre souffle jusqu’à la dernière seconde.