Filmer une descente de 420 kilomètres en kayak, ça paraît simple quand on regarde le film sur grand écran. En réalité, chaque plan est le résultat d’un vrai ballet : tournage en itinérance au pas de course pour suivre le rythme, caméras couvertes de poussière, météo aléatoire…

1. Comment le projet est-il devenu un film ?

Léa Jamelot, kayakiste olympique : « Au départ, c’était une aventure que j’avais imaginée pour moi-même, mais en quelques mois, ça a pris beaucoup d’ampleur et c’est devenu un vrai projet de film. Henry Marquis, mon oncle producteur et vidéaste, a cru en l’idée dès le départ, et Gilles Blaize, le réalisateur, a embarqué dans le projet pour transformer ces images en récit cinématographique.

L’aventure a été pensée pour être immersive : raconter la descente du canal de Nantes à Brest avec ses paysages, ses rencontres et ses moments inattendus. L’idée était que le spectateur sente à la fois le défi sportif et la richesse humaine de cette traversée. »

2. Quelle équipe technique vous a accompagnée ?

« Sur le terrain, nous étions une équipe de dix personnes. Henry Marquis, derrière la caméra pour tout capter de ces quinze jours d’aventure. Gilles Blaize assurait en complément les prises de vue aériennes avec le drone. Erwan Bizeul, s’occupait du montage (en temps réel). Margaux et Emma, deux amies se sont occupées de la communication et les réseaux sociaux, et ma famille prenait en charge la logistique, les repas et le suivi des étapes. Chaque membre avait un rôle précis, et tous ont contribué à rendre cette aventure possible. »

3. Le film, ce n’est pas la websérie : quelle différence ?

« C’est vraiment un projet à part entière. Ce n’est pas un simple bout à bout des épisodes de la websérie. Le film dure 55 minutes et a été pensé pour le cinéma, avec un rythme réfléchi pour que le spectateur puisse s’immerger pleinement dans l’aventure.

On a structuré l’ensemble. L’objectif était vraiment que le film se regarde assis dans un siège de cinéma et qu’il raconte l’histoire de manière complète, avec des séquences plus longues qui permettent de ressentir les moments forts, les paysages, les émotions et les interactions avec les gens rencontrés sur le parcours. »

4. Quelles anecdotes de tournage vous ont le plus marquée ?

« Il y en a tellement ! Je pense à la scène de la double écluse, monumentale sur le canal : j’ai attendu 35 minutes que l’eau monte, immobile, entourée de spectateurs. Pour passer le temps, je parlais à Henry à voix basse, et le monteur a transformé ça en séquence drôle où je racontais que c’était « comme remplir une baignoire avec des bouchons de bouteille ». Il y a aussi ma seule petite larme de l’aventure, arrivée à Port-Launay, émue par la foule. Gilles croyait me filmer, mais en réalité la caméra était retournée et il filmait sa propre tête ! On s’en est rendu compte après, et ce plan est devenu un clin d’œil dans le générique du film. »

D’autres moments cocasses : mon ancien voisin qui débroussaille le bord du canal et finit tête la première dans l’eau, la gentillesse des habitants avec leurs pancartes et instruments de musique, et toutes ces petites scènes où l’équipe s’active dans l’ombre pour que tout se passe bien, même sous la pluie ou face aux imprévus.

Il y a aussi Henry assis dans le coffre du van, couvert de poussière sur le chemin de halage, qui doit sans cesse nettoyer son matériel pour filmer, ou encore les manipulations pour récupérer le drone : Gilles doit le rattraper depuis le bateau suiveur en mouvement à chaque décollage et atterrissage, ce qui donne des scènes assez drôles et un peu chaotiques, mais toujours réussies. »

5. Quelle scène vous a le plus émue et résume l’esprit de ce défi ?

« La scène la plus émouvante, c’est la descente aux flambeaux à Port-Launay : je suis sur mon kayak, la nuit, et un feu d’artifice éclaire le canal. Il y a beaucoup de monde, des habitants et des amis, et je me rappelle de tout le chemin parcouru pour en arriver là.

Le film, c’est ça : le partage, les échanges et la mise en valeur d’un territoire et de ses habitants. Les séquences d’arrivée, les rencontres avec les enfants, les clubs de kayak, les habitants qui racontent leurs anecdotes….»

Pratique :

Avant-première du film « Léa de Nantes à Brest » : Cinéma Agora à Châteaulin, jeudi 2 octobre 2025 à 20 h 30. Gratuit, sans réservation (dans la limite des places disponibles).