Sans grande surprise de ce côté-là non plus, samedi 20 septembre, les « groupes d’action » LFI Saint-Etienne ont désigné Valentine Mercier, tête de liste pour les Municipales 2026 lançant ainsi officiellement la campagne électorale des Insoumis. En intégrant prochainement d’autres formations de la gauche (Parti socialiste exclu) à leur liste ? C’est la seule question qui reste.

Valentine Mercier, 34 ans, enseignante en Histoire géographie mènera la liste LFI (et « partenaires » ?) aux Municipales 2026 à Saint-Etienne. Photo transmise par LFI

La convergence des gauches à Saint-Etienne, c’est encore, à ce stade, la seule convergence des dates. Ironie du calendrier, samedi 20 septembre, les représentations locales des deux partis les plus opposés de côté-là de l’échiquier politique, le PS et LFI désignaient – sinon, confirmaient – les personnalités qui conduiront leur liste politique aux élections municipales de mars 2026. Pas de surprises, comme pour ce qui est de l’alliance droite / centre : Régis Juanico, déjà « premier » des socialistes depuis des mois, a été désigné « chef de file » lors des universités locales de Saint-Etienne Demain (PS, très « proches » alliés et sans étiquettes) par 160 militants, planchant aussi sur le programme. Pas de quoi tomber de sa chaise non plus, à l’annonce du résultat de « l’Assemblée populaire municipale » des « groupes d’action » de LFI, tenue le même jour :

« À l’unanimité, ils et elles ont décidé de donner leur confiance à Valentine Mercier, enseignante stéphanoise (en Histoire à Lyon II et dans le secondaire à Boulogne-Billancourt et au lycée Mimard à Saint-Etienne, Ndlr) investie depuis plusieurs années à la France insoumise, militante féministe, écologiste et anti-raciste. Nous lui accordons notre entière confiance pour défendre avec intégrité et détermination notre programme, un projet de rupture qui place l’intérêt général au-dessus des privilèges et redonne le pouvoir d’agir à la population, pour bâtir une ville sociale, solidaire et écologique. » A la suite de la présentation comme « cheffe de file » aux Municipales de Valentine Mercier, 34 ans, « fille et petite-fille de Stéphanois », par ailleurs collaboratrice parlementaire de la députée insoumise stéphanoise Andrée Taurinya aux côtés de Nicolas Preux au printemps dernier, celle-ci avait été rapidement la plus mise en avant. C’est elle qui nous avait expliqué que les négociations entre LFI, PS, PC, EELV et « Sainté Populaire » n’avaient que trop duré et que les Insoumis souhaitaient se lancer, quitte à être seuls.

La campagne de LFI est en marche

La rupture avec les socialistes est totale, ferme et définitive puisque ceux-ci n’acceptent pas la condition sine qua non imposée par les Insoumis : une union oui mais sans tête de liste PS… Et avec les autres ? « Après avoir acté notre désaccord avec le Parti Socialiste, les discussions continuent entre la France Insoumise et ses partenaires, Verts, Parti Communiste et Sainté Populaire en vue dʼune union la plus large possible dès le premier tour autour dʼun projet de gauche de rupture », assure le communiqué. Quitte à lâcher à une de ces formations la tête de liste afin de garantir ce rapprochement ? Valentine Mercier n’avait pas souhaité répondre à cette question lors de notre dernier échange actant la désunion, au moins partielle, de la gauche, mi-septembre (lire ici). Nous n’avions pas réussi à la joindre, ce matin, dans un premier temps pour lui reposer la question. Valentine Mercier nous a finalement rappelés et confirmé les propos, recueillis, du coup auprès de son co directeur de campagne, Ulysse Hammache. A savoir : « Finalement lâcher la tête de liste ? A priori, plutôt non pour des questions d’ordre stratégiques. Le PC ne l’a jamais revendiquée et nous estimons que Sainté Populaire a une démarche légitime mais est jeune. Son nom ne parle pas quand on va sur le terrain, contrairement à LFI. »

Finalement lâcher la tête de liste ? A priori, plutôt non pour des questions d’ordre stratégiques.

Et les Verts ? « Nous nous rencontrons à nouveau ce soir. Il est vrai que c’est aussi un point d’achoppement avec eux. » Reste que « la désignation de la tête de liste marque le début officiel de la campagne de la France Insoumise pour les élections municipales ». Elle s’ouvrira par le lancement des « Balades Urbaines », qui se dérouleront à tour de rôle dans chaque quartier de la ville « sur le principe de « diagnostics en marchant » collectifs avec les habitant·es. La première aura lieu dans le quartier Carnot Bergson le samedi 4 octobre. Le rendez-vous est donné à 10 h sur le parvis de la Cité du Design ». L’idée : « Nous déambulons ensemble le long d’un parcours libre pour écouter les Stéphanois·es parler de leur quartier. Ce sont eux qui en ont l’expertise d’usage : qu’est-ce qu’ils et elles aiment ? Quels problèmes identifient-ils ? Où se concentrent-ils ? Quelles solutions imaginent-ils ? Quels manques relèvent-ils ? »

Précisions de programme

Pas de composition de liste à ce stade mais des précisions notables sur le programme envisagé par LFI qui en avait donné les grandes lignes en mai dernier aussi. Programme présentant trois axes principaux : « une ville pour ses habitant-es » ; « une ville par ses habitant-es » ; « une ville respectueuse de toutes les formes de vie sur terrestre, ici et ailleurs ». Au premier chapitre, LFI opte pour la mise en œuvre – progressive – de transports en commun totalement gratuits, l’amélioration du réseau du : maillage, le développement rapide d’un plan vélo et marche et ambitieux. Ce qui repose en grande partie sur les compétences de Saint-Etienne Métropole et donc, sa maîtrise politique également. Comme le retour à des régies municipales quant à la distribution de l’eau. Ce qui ne serait pas le cas en revanche de la restauration collective, « d’ici la fin du mandat », actuellement en DSP avec une société privée dont il faudrait coûteusement « casser » le contrat si cela était effectuée avant son terme d’ici 6 ans.

LFI insiste sur le « droit au logement digne en luttant activement contre toutes les formes de mal logement (sans-abrisme, insalubrité, précarité énergétique, etc.) et contre la spéculation immobilière », notamment via la création dʼun « OFS » (Organisme de foncier solidaire) et la mise en place du « BRS » (Bail réel solidaire), la relance de l’offre de logements sociaux. Ce qui implique là aussi une sphère décisionnelle dépassant le cadre municipal. Côté gouvernance, pas de cumul de fonction exécutive adjoint / vice présidence à la Métropole (et donc présidence tout court même si non citée dans son communiqué), un énième remaniement des périmètres géographique de conseils de quartier ainsi que leur accès et mission pour leur donner un rôle de contrepouvoir. Côté associations, « abolition » des accords de subventions par projet pour un mode de financement pluriannuel.

Il y a, enfin, « l’inscription de lʼaction municipale en harmonie avec lʼensemble des êtres vivants humains et non-humains et des milieux planétaires nécessaires à leur épanouissement ». C’est-à-dire ? « Sʼassurer qu’aucune action portée ne contribue, à son échelle, au dépassement des limites planétaires, en application de la « règle verte », notamment en s’abstenant de démolir et/ou de construire lorsque cela est évitable » ; « s’assurer qu’aucun contrat ou partenariat de la ville ne contribue, directement ou indirectement, à toute action à l’encontre des droits humains et des peuples à disposer d’eux-mêmes, notamment toute politique coloniale, d’apartheid et génocide ».