Il conteste toujours les faits. Arrêté le 21 juin en France à la demande des États-Unis qui le soupçonnent d’avoir fait partie d’un réseau de hackers, le basketteur professionnel russe Daniil Kasatkin a demandé devant la justice ce mercredi, par l’intermédiaire de son avocat, sa libération immédiate pour raisons procédurales.
Le problème proviendrait du traité bilatéral d’extradition entre la France et les États-Unis. Celui-ci stipule que la demande d’extradition complète doit être communiquée dans un délai de 60 jours à partir de l’arrestation provisoire, comme l’a rappelé Me Frédéric Bélot devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel. Or celui-ci est dépassé.
« Nous avons dépassé les 60 jours », Daniil Kasatkin ayant été arrêté le 21 juin, « et nous n’avons pas un dossier complet », car des traductions manquent, comme l’a reconnu l’avocat général dans son réquisitoire transmis mardi, a-t-il affirmé. Or, « le texte de loi est très clair. Lorsque le dossier n’est pas complet dans ce délai, il doit y avoir remise en liberté », a martelé Me Bélot.
Il a rappelé que la Cour de cassation s’était prononcée, en septembre 2024, sur la remise en liberté de la personne sous écrou extraditionnel au cas d’un complément d’information ordonné en dehors de ce délai. Pour permettre un débat contradictoire, le président de la chambre a renvoyé l’examen de cette demande au 8 octobre.
Accusé de « complot en vue de commettre une fraude »
Alors qu’il se rendait en France avec sa fiancée qu’il venait de demander en mariage, Daniil Kasatkin, qui jouait jusqu’à récemment avec l’équipe de Moscou MBA-MAI, a été arrêté à l’aéroport parisien de Roissy, puis placé sous écrou extraditionnel le 23 juin.
La justice américaine le soupçonne d’avoir fait partie d’un réseau de pirates informatiques ayant, via un rançongiciel, attaqué plus de 900 entreprises, associations et entités gouvernementales entre 2020 et 2022. Le basketteur de 26 ans est accusé d’avoir négocié le paiement des rançons, ce qu’il nie.
Le sportif, qui a un temps suivi des études aux États-Unis, fait l’objet d’un mandat d’arrêt américain pour « complot en vue de commettre une fraude électronique » et « complot en vue de commettre une fraude informatique », ce qui lui fait encourir un total de 25 ans de prison. Le consul de Russie en France Alexey Popov était présent à l’audience, tout comme un journaliste de l’agence de presse officielle russe Tass, signe que le dossier est suivi à Moscou.
« Cela n’a pas de sens qu’un sportif qui n’a aucune connaissance en informatique puisse être soupçonné d’avoir commis de telles choses », a affirmé le consul à l’AFP, en expliquant que le basketteur avait acheté « un ordinateur d’occasion » quand il était aux États-Unis.
Regrettant qu’il n’ait « toujours pas d’accès à une salle de sport à la maison d’arrêt », ce responsable a souhaité sa remise en liberté, en soulignant qu’il pourrait loger dans un appartement situé à Boulogne-Billancourt, propriété du gouvernement russe, s’il était libéré sous contrôle judiciaire.