« Pas très élégant. » Voilà comment Morgane Dumy, présidente du tribunal correctionnel de Bordeaux, qualifie les vidéos des trois prévenus jugés mercredi 1er octobre. Ils s’affichaient ostensiblement sur le réseau social TikTok avec d’impressionnantes liasses de billets qu’ils mettaient en scène. Sauf que cet argent vient de délits : les mis en cause sont des voleurs de cuivre. Ils ont écumé le Sud-Ouest pour cambrioler des entreprises où le stock de métal était subtilisé. Mais ils ont fini par tomber.

Leur chute a commencé le 19 février 2023. Ce jour-là, le portail d’une société est forcé à La Lande-de-Fronsac (Gironde). Un riverain note une partie des plaques d’immatriculation des cinq véhicules suspects qu’il repère. Une information précieuse pour les gendarmes : en 2023, ils constatent une flambée des vols de cuivre en Gironde et dans les départements alentour (Landes, Dordogne, Charente-Maritime et Pyrénées-Atlantiques). L’enquête préliminaire s’intéresse aux trois voitures repérées. De là, les militaires identifient des suspects et, surtout, leurs numéros de téléphone.

Des preuves décisives

Un élément décisif : le bornage permet de relier plusieurs individus à une dizaine de cambriolages commis entre 2023 et 2024. Il s’agit d’hommes appartenant à la communauté rom qui opéraient dans des équipes à tiroir : autour d’un noyau dur, les petites mains complices venaient parfois dans les entrepôts visités.

Au cœur des événements, il y a Ionut Stanescu Trifu. Cet homme de 38 ans est décrit par les enquêteurs comme le chef : du haut de ses 126 kilos, il reste dans la voiture pendant que ses hommes cambriolent et distribue l’argent issu des vols. « Je ne travaillais pas, c’était pas la bonne solution. C’était une erreur que je regrette », admet-il dans le box où il est arrivé avec les menottes. Il est incapable de chiffrer le préjudice : « Pas de grosses sommes ! Tout ce qu’on gagnait, on le mettait dans la nourriture. » Déjà condamné 13 fois, il part en prison pour trois ans.

« C’était une erreur que je regrette. Tout ce qu’on gagnait, on le mettait dans la nourriture. »

Elvis Stanescu est le beau-frère du chef. « On me disait de venir à telle heure et j’étais payé », raconte-t-il via l’interprète en roumain, ne sachant pas parler français. Se trouvant en récidive, il écope de trois ans également.

Marian Munteanu fait partie des seconds couteaux, mais a été arrêté avec ses compères. Il était donc jugé aussi ce mercredi. Le prévenu de 35 ans est condamné à deux ans de prison.

Des amendes à payer

Treize autres Roumains, qui vivaient dans le même camp, étaient jugés en leur absence, faute d’avoir pu être arrêtés. Ils ont été reconnus coupable de recel : ce sont eux qui écoulaient le cuivre issu des vols. Le tribunal prononce des peines de quatre à huit mois de prison avec sursis à l’encontre de ces hommes de 25 à 40 ans. La justice les soupçonne d’être repartis au pays.

Quinze entreprises étaient victimes. À chaque fois, elles se sont fait voler entre 10 000 et 20 000 euros mais ne se sont pas constituées partie civile.