TÉMOIGNAGE – Les junkies n’hésitent plus à se piquer à l’entrée de cet établissement aux 200 élèves, où de nombreuses seringues sont retrouvées chaque semaine. La situation tétanise les parents et le personnel de l’école.

«Je vois les consommateurs de drogue tous les jours, ils sont complètement défoncés et ils nous regardent mal. On ose à peine les approcher, de peur de se faire piquer», souffle une habituée de l’école élémentaire Maurice Korsec, bouleversée par ce triste spectacle qui mine l’établissement public du 1er arrondissement de Marseille.

Voilà plusieurs mois que les abords de l’école sont investis par des toxicomanes qui n’hésitent plus à se droguer en plein air. Une situation déjà relatée dans nos colonnes en septembre 2024 et qui avait indigné jusqu’au sommet de la mairie. «Quelle honte d’avoir laissé des seringues devant l’école. Je suis ulcéré, c’est inacceptable», avait réagi Benoît Payan auprès du Figaro.

Une école marseillaise minée par des toxicomanes

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Mais depuis, rien n’a changé. Des seringues sont désormais retrouvées chaque semaine juste devant l’école, qui accueille 200 élèves répartis dans 17 classes. «Dernièrement, une seringue a même été trouvée dans la bibliothèque de l’établissement. Le personnel de l’école est obligé d’enjamber ces déchets. Heureusement, des agents ramassent tout dans la matinée, mais cela devient grave et fait très peur», assure l’habituée des lieux, inquiète du devenir de son quartier.

«Ce sont des jeunes très agressifs qui boivent, se droguent et insultent tous ceux qui passent. Le chef d’établissement est exaspéré par ce climat et la direction a informé un représentant de la Ville de Marseille. Il en va de la sécurité des enfants», poursuit cette personne en évoquant les conséquences de la toxicomanie à grande échelle dans le centre de la deuxième ville de France.

La situation est catastrophique dans le 1er arrondissement. C’est de pire en pire et je n’avais pas connu ça du tout il y a quelques années

Une habituée du quartier

«La situation est catastrophique dans le 1er arrondissement. C’est de pire en pire et je n’avais pas connu ça du tout il y a quelques années. J’envisage de déménager car on est vraiment dans l’insécurité la plus totale», souffle cette source, dont le témoignage fait écho à la volonté des services de l’État de chasser les stupéfiants de l’hypercentre de Marseille. Le préfet des Bouches-du-Rhône, Georges-François Leclerc, avait confirmé jeudi dernier son souhait d’investir le centre de la cité phocéenne pour «déstabiliser» les trafics et leurs réseaux.

«L’école doit être un sanctuaire et les enfants ainsi que les enseignants n’ont pas à baigner dans cet environnement», martèle Catherine Pila, présidente du groupe d’opposition à droite du conseil municipal Une volonté pour Marseille (UVPM). Celle qui est également directrice d’école suit le cas de Maurice Korsec de près, alertant déjà la mairie centrale l’an passé. «Je suis vraiment en colère devant la minimisation des faits par la mairie. Il faut une présence accrue de policiers municipaux et une prise de conscience sévère du maire et de ses adjoints», ajoute l’élue en soutenant que les parents d’élèves étaient «en saturation».

Pas de salle de shoot dans le centre-ville

Sollicitée, la Ville de Marseille indique «faire le constat» de l’augmentation des usagers de drogues et de la présence accrue de seringues sur la voie publique. «La Ville a décidé de renforcer les moyens qu’elle déploie pour leur ramassage. Ainsi, elle a augmenté de 700% le financement octroyé au marché public passé avec le prestataire spécialisé chargé de la collecte du matériel utilisé pour l’injection ou l’inhalation», assure-t-elle.


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«La Ville de Marseille maintient son soutien aux associations allant à la rencontre des usagers de drogues par des subventions d’un montant total de 105.000€ par an. En tout, ce sont 205.000€ qui sont mobilisés par la municipalité pour répondre à cet enjeu qui est avant tout un enjeu de santé publique», ajoute la mairie, alors même que le préfet vient de s’opposer à l’ouverture d’une salle de shoot dans le centre-ville.