Son centaure regarde passer les voitures dans le rond-point de la Lande Blanche, à Paimpol. Avec ses 3 m de haut, la sculpture de métal d’Agostinho Da Cunha ne passe pas inaperçue. C’est la même taille qu’une autre de ses pièces monumentales, un Predator (un alien tiré d’un film), à deux pas du portail de sa maison où se trouve son atelier. Dans son jardin, il a posé plusieurs de ses sculptures : un éléphant, une main, un petit dragon… « Je suis sculpteur depuis 2009. La soudure, c’est ma passion. J’ai toujours eu cette fibre artistique avec mes frères et sœurs. Mon frère m’a appris à dessiner car il est styliste », indique le quadragénaire.

Cette créature fantastique prend l’air dans le jardin du sculpteur.Cette créature fantastique prend l’air dans le jardin du sculpteur. (Le Télégramme/Éric Rannou)

En 2009, il crée ses premières œuvres. « Un copain est venu m’apprendre à souder. En fait, j’ai fini aux urgences. Je n’avais pas de cagoule », se rappelle l’autodidacte.

En 2021, ce maçon employé par Colas décide de passer ses licences de soudeur « pour perfectionner son art ». Il a emménagé à Paimpol en février. Avant, il habitait près de Bordeaux, à Libourne. Soudeur professionnel en journée chef Efinor à Paimpol actuellement, il sculpte pour son plaisir, après son boulot et le week-end.

Le sculpteur termine actuellement une commande : un coq.Le sculpteur termine actuellement une commande : un coq. (Le Télégramme/Éric Rannou)« Ça doit rester une passion »

Très attaché à ses œuvres, il a pourtant accepté l’idée de les vendre. « Je ne veux vraiment pas en faire mon métier. Je n’ai pas envie de créer pour vendre. Je veux créer pour créer. Quand j’ai des commandes, c’est un plus mais ça doit rester une passion », ajoute-t-il.

Le sculpteur travaille le plus souvent avec les conseils de Franck Mariscalchi. « Je lui demande toujours son avis. Ça, ce sont des masques que l’on a réalisés pour l’hôpital de Libourne », indique Agostinho Da Cunha en posant une photo sur la table. « C’est Franck qui les a dessinés et a eu cette idée, pour le don d’organes. Ça m’a pris un an de création ».

L’artiste aime partager cette passion. Il a déjà fait de nombreuses expositions. « Les grandes sculptures comme la tête et le Predator ont été exposées pendant deux ans dans un parc ».

Il faut passer devant un imposant Predator de 3 m pour rentrer chez l’artiste.Il faut passer devant un imposant Predator de 3 m pour rentrer chez l’artiste. (Le Télégramme/Éric Rannou)

Pour son centaure, c’est par contre une première. Il a été transporté démonté par les déménageurs. « On l’a remonté ici. Je l’avais juste exposé dans une rue à Libourne. J’ai mis huit ans à le finir ». Il a choisi de déposer ses outils à Paimpol sans vraiment connaître la région. « Avec Franck, on cherchait une maison en bord de mer. On recherchait le frais aussi ».

Envie de partager

Spécialisé dans les sculptures en métal, Agostinho Da Cunha s’aventure aussi parfois sur d’autres matériaux, comme la pierre ou le bois. « Un jour, j’ai fait une panthère. C’était un mélange de plastique et de métal. J’avais récupéré à la Colas un rouleau d’une machine qui nettoie les routes. Il m’a servi à faire le torse de la panthère. Je mélange pas mal de choses », poursuit-il.

Ceux qui passent dans le rond-point de la Lande Blanche peuvent également apercevoir la guitare géante du sculpteur.Ceux qui passent dans le rond-point de la Lande Blanche peuvent également apercevoir la guitare géante du sculpteur. (Le Télégramme/Éric Rannou)

Son jardin reflète sa créativité. En début d’année prochaine, il devrait l’ouvrir au public. « Les expositions, ce n’est pas mon délire. Quand je fais une œuvre, ça me chagrine un peu de la vendre. C’est un bout de moi que je vends ». Il aime par contre discuter avec les gens.

Sa première sculpture s’inscrivait dans cette envie de partager. « C’était un dinosaure, en 2009. Il faisait 3 m de haut. Il y avait beaucoup d’enfants qui passaient devant la maison. Je me suis dit que ça allait les faire rire. C’était le défilé le dimanche. Les gens venaient voir », se rappelle Agostinho Da Cunha.

Aujourd’hui, le centaure fait aussi son petit effet. « J’adore partager avec les gens. Quand ils s’arrêtent, on discute. Je passe un bon moment avec eux, même s’il n’y a pas de vente. C’est important pour un artiste de partager son art », conclut-il.