Folcoche , Le livre enquête d’Émilie Lanez sur Hervé Bazin (1911-1996) continue de faire des vagues. L’auteur angevin de Vipère au poing, longuement président de l’académie Goncourt, y est présenté comme un mystificateur. Dans son best-seller, vendu à cinq millions d’exemplaires, sa mère surnommée Folcoche, y est décrite comme un monstre. Émilie Lanez veut la réhabiliter, accusant Hervé Bazin de l’avoir caricaturée.

Martine Duffosé-Taravel, elle, préfère prendre la défense de l’homme et de l’auteur : « Je connais bien son œuvre et il était devenu un ami. » Avant de publier trois romans et des nouvelles, cette Angevine, docteure ès lettres, aujourd’hui installée à Paris, avait fait paraître un essai, sur le même thème que sa thèse de doctorat : Les Bazin et la province d’Anjou.

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« Tout romancier force le trait »

Ce qu’elle pense des révélations sur la vie de l’écrivain – ses séjours en prison pour vols ou en hôpital psychiatrique, par exemple ? « Entre vingt ans et quarante ans, sa vie n’a pas été brillante, on pourrait même la qualifier de lamentable, tranche-t-elle. Mais à quoi bon fixer la stature d’un homme sur les éléments les moins intéressants de sa vie ? »

Martine Duffosé-Taravel est encore plus combative quant à l’écrivain : « Tout romancier force le trait pour bâtir une histoire qui ait du corps et de la force. Il a écrit ce livre avec le souvenir de son ressenti enfant, sans prétention d’exactitude. »

Par exemple, la scène où sa mère bascule d’une barque pour tomber à l’eau, et qu’il souhaite sa mort, « Hervé Bazin m’a confié que cela n’avait jamais existé ». Selon elle, Vipère au poing n’est pas « une imposture, mais un roman autobiographique. Il a un point d’ancrage dans la réalité, mais il déborde de cette réalité ».

Martine Duffosé-Taravel regrette surtout que ce livre enquête sorte aujourd’hui, « alors qu’Hervé Bazin n’est plus là pour se défendre ».