Alors que la Sécurité sociale souffle ses 80 bougies cette année, Médecins du Monde dresse un constat sévère : l’accès aux soins reste hors de portée pour une grande partie des personnes en situation de précarité. Dans son rapport 2025 de l’Observatoire de l’accès aux droits et aux soins, révélé par France Inter, l’ONG insiste sur l’urgence d’une réforme en profondeur et réclame une couverture santé réellement universelle.
En 2024, plus de 15.000 personnes ont poussé la porte des centres de santé de Médecins du Monde. La plupart sont étrangères, et près d’un quart vit dans la rue ou dans des hébergements d’urgence. Les équipes de l’ONG observent que ces publics consultent souvent trop tard, déjà fragilisés par des maladies chroniques : six patients sur dix souffrent d’au moins une pathologie longue durée.
Des droits théoriques rarement effectifs
Le rapport révèle surtout l’ampleur d’un paradoxe : la majorité de ces personnes pourraient prétendre à une protection maladie, mais n’en bénéficient pas. Près de huit sur dix n’ont jamais enclenché de démarches pour faire valoir leurs droits. L’exemple de l’Aide médicale d’Etat (AME) illustre ce décalage : bien que son coût reste marginal dans le budget de la santé (0,35 %), 89 % des bénéficiaires potentiels n’y ont pas accès et demeurent sans soins.
Pour Médecins du Monde, cette situation est le produit d’une architecture administrative trop complexe, éclatée entre différents dispositifs (PUMa, C2S, AME). L’association plaide pour la création d’un régime unique, financé à 100 % par l’Assurance maladie, qui supprimerait les barrières actuelles et garantirait une prise en charge sans conditions aux plus fragiles.