Par

Antoine Blanchet

Publié le

1 oct. 2025 à 16h32

Auparavant : une carrière de médecin reconnue, un mandat de députée et même une médaille obtenue lors de son action humanitaire au Kosovo. Désormais : de la cocaïne, des délits graves et des hospitalisations sous contrainte. Ce mercredi 1ᵉʳ octobre 2025, la vie d’Eva Son-Forget, sonne comme une déchéance. L’ancienne parlementaire macroniste puis zemmouriste âgée de 41 ans est jugée devant le tribunal correctionnel de Paris pour refus d’obtempérer et usage de stupéfiants. Absente à l’audience, une peine de prison avec sursis a été requise à son encontre.

Course-poursuite dans le 6ᵉ arrondissement

Ce samedi 15 juin 2024, l’heure du déjeuner approche. De nombreux badauds parcourent le boulevard Saint-Germain en cette matinée de printemps. Sur l’asphalte, une voiture de police patrouille. Une Mercedes attire leur attention. Elle vient de réaliser une forte accélération. Les agents décident de contrôler l’occupant du véhicule. Loin de s’arrêter, le conducteur poursuit sa route.

Une course-poursuite s’engage alors dans l’un des quartiers les plus cossus de Paris. Des feux rouges sont grillés et une piste cyclable franchie. À plusieurs reprises, les policiers crient à l’automobiliste de s’arrêter. De son côté, le chauffard exhibe une cocarde tricolore. Un objet qui n’est pas anodin, puisqu’il est d’ordinaire attribué aux élus de la République.

Rue de Sèvres, boulevard Raspail… La traque arrive jusqu’à l’hôtel Lutetia. La voiture en fuite va percuter une voiture stationnée devant le palace, avant de faire demi-tour et repartir de plus belle. Quelques heures plus tard, le conducteur est stoppé puis interpellé. Il s’agit de Joachim Son-Forget. Dans le véhicule, les policiers découvrent une petite boîte. Dans la petite boîte, des compartiments. Dans un des compartiments, de la poudre blanche. Il s’agit de cocaïne. L’ancien député des français de l’étranger résidant en Suisse est par ailleurs lui-même positif à cette drogue.

« Je vois une fuite en avant et une descente aux enfers »

En garde à vue, l’ex-député explique avoir pris la fuite, car il n’avait pas compris qu’il s’agissait de policiers. Une justification reprise par son avocat ce mercredi dans sa plaidoirie. « Il s’agissait d’une voiture banalisée et les policiers étaient en tenue bourgeoise. Ce n’était peut-être pas suffisant pour comprendre ce qu’il se passait », assure Me Sipan Ohanians devant les juges.

S’appuyant sur une expertise psychiatrique alarmante réalisée sur sa cliente ces dernières semaines, le conseil met en avant son chemin de croix psychologique. « Elle a subi plusieurs hospitalisations en psychiatrie après les faits. Depuis janvier, elle est en grande désociabilisation et n’a plus de domicile fixe. C’est pourtant un génie polyglotte et un cardiologue de grande renommée. Je vois une fuite en avant et une descente aux enfers », alerte le pénaliste. Selon ce dernier, les « troubles de genre » de sa cliente auraient joué un rôle dans son mal-être actuel (Elle a fait sa transition durant l’été 2024, ndlr). Il demande aux magistrats de retenir l’altération du discernement d’Eva Son-Forget.

Dix mois de prison avec sursis requis

Au milieu de cette déchéance, il y a pourtant Samuel*. Propriétaire de la voiture percutée par le député en cavale, cet employé du Lutetia ne peut cacher son amertume. « Le choc a été très violent. J’ai eu pas mal de chance, car j’étais à quelques mètres de la voiture. Cinq minutes avant, il y avait une mère avec son fils. Ça aurait pu très mal finir », se remémore la partie civile. « Mon client, il appartient à cette France qui se lève tôt pour se rendre en travail avec sa voiture. Son assurance n’a pas pu prendre en charge le remboursement du véhicule. Il est le laisser pour compte », affirme son avocate. Des dommages et intérêts ainsi que 5 000 euros de préjudice moral sont demandés.

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire

Côté parquet, on dénonce des faits « particulièrement graves ». « La prévenue était une députée de la République. Elle a participé à l’élaboration des lois, et elle se permet de les bafouer, voire de les instrumentaliser », s’indigne le procureur dans son réquisitoire. L’état de santé mentale de l’intéressée ? Il le balaie d’un revers de main : « Le seul problème de madame Son-Forget à ce moment-là, c’est sa consommation de cocaïne ». Le magistrat demande dix mois de prison avec sursis, au vu du casier vierge de la prévenue. Une amende de 6 000 euros, une seconde de 750 et une annulation du permis de conduire sont aussi requises.

Le tribunal rendra son délibéré le 8 octobre prochain.

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.