Est-ce une maladresse de plus, ou la dernière élucubration d’une frange conservatrice de son opposition ? Dans sa toute récente campagne de promotion, à l’occasion de la journée internationale des personnes âgées des Nations Unies (1er octobre), la mairie de Strasbourg a affiché le portrait de Nacera, 66 ans. Son sourire éclatant et le hijab, qu’elle porte jaune vif, ont déclenché la foudre de commentateurs mal intentionnés. La maire écologiste Jeanne Barseghian a été accusée de « clientélisme » et de « polarisation ».

« Des femmes comme Zohra ont gardé nos enfants, nettoyé nos écoles, accompagné nos aînés. Les afficher fièrement en ville, ce n’est pas faire polémique, c’est rendre justice », a défendu Syamak Agha Babaei, premier adjoint de Jeanne Barseghian, dans son élan humaniste.

Élue en 2020, on l’a jugée d’emblée novice en politique, malgré six années d’engagement au conseil municipal. Jeanne Barseghian a prôné une écologie pragmatique et des aménagements du quotidien, mais raté son projet l’extension du tramway sur six kilomètres vers la banlieue nord, rejeté en décembre 2024 par la commission d’enquête. 

En cinq ans, la mairie n’a pas porté d’annonce d’envergure dans le développement économique de Strasbourg. Au contraire : Huawei, le géant chinois des télécoms, est allé installer son usine de relais 5 G (500 emplois) à Brumath, en lointaine banlieue. Adidas a annoncé la fermeture de son siège social : 140 emplois rejoindront Paris. L’ex-usine General Motors, 1 200 emplois dans les années 2010, est désormais moribonde et menacée de fermeture.

Candidate à sa réélection aux municipales de 2026, Jeanne Barseghian ne part pas favorite. Un sondage Ifop rendu public le 12 septembre la place en difficulté derrière Catherine Trautmann (PS), l’ancienne maire (1989 et 1995) qui ne cache plus ses envies de « comeback », et le Républicain Jean-Philippe Vetter. 

Sondage Ifop pour les municipales à Strasbourg.Sondage Ifop pour les municipales à Strasbourg. (Crédits : LTD/DR)

Dernière maladresse en date : critiquée sur l’accumulation des chantiers de voirie en cours, Jeanne Barseghian n’a pas su retourner la communication en sa faveur. Malgré un point presse relaté sans contradiction dans la presse locale, fin septembre. Jeanne Barseghian n’a pas trouvé les arguments face à l’opposition qui l’accuse de « bunkériser » la ville, et d’en interdire l’accès aux voitures. « Les chantiers structurants seront terminés fin novembre », a-t-elle prévenu. Mais ces chantiers d’envergure (réseaux de chaleur, amélioration du réseau de pistes cyclables) ont mal été expliqués aux Strasbourgeois. 

Est-ce dû à l’absence d’un « spin doctor », qui aurait su mettre en cohérence la communication et rattraper des menues maladresses ? La droite n’a cessé d’alimenter des polémiques sur la sécurité, le commerce, la propreté. Les opposants se sont même approprié le thème du vélo, cher aux Verts, en tournant en dérision un aménagement mal compris : dans le quartier de la Robertsau, les voitures doivent désormais se croiser sur une voie unique, tandis que les cyclistes disposent d’un espace surdimensionné, à double sens. Les écologistes ont encore six mois pour convaincre.