La Fédération des comités et syndicats de quartier de Pessac conteste la proposition du préfet visant à limiter les vols de nuit de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac aux seuls avions de nouvelle génération, réputés plus silencieux.

La Fédération des comités et syndicats de quartier de Pessac poursuit son combat face aux nuisances sonores générées par l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. Pour lutter contre ces dernières, le préfet de la Gironde Étienne Guyot avait retenu le 29 janvier dernier, dans le cadre de l’Étude d’impact acoustique et environnementale (EIAE), un scénario écartant l’instauration d’un couvre-feu strict, mais plutôt une mesure n’autorisant les vols de nuit (entre 22h et 6h) que pour les appareils les plus récents, réputés plus silencieux.

Selon ce rapport, «ce scénario équilibré doit permettre de réduire significativement les nuisances sonores pour les riverains, sans toutefois obérer le développement économique et l’attractivité de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac et de l’ensemble de la région Nouvelle-Aquitaine. Il incite les compagnies aériennes à renouveler leurs flottes avec des avions de nouvelle génération plus performants et moins bruyants y compris en journée».


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Des écarts de bruit jugés imperceptibles

Dans un communiqué, la Fédération des comités et syndicats de quartier de Pessac conteste cette approche, après avoir analysé les mesures de bruit (EPNdB), lors des phases de décollage et d’atterrissage des avions, fournies par l’aéroport de Bordeaux-Mérignac pour l’année 2024. «En juin dernier, nous avons reçu un fichier contenant des milliers de relevés, avec pour chacun le capteur de bruit correspondant et l’heure de passage de l’avion. Nous avons trié les données par type d’appareil afin de comparer les avions de nouvelle génération avec les autres. Le préfet avait indiqué en janvier qu’il souhaitait réserver les vols de nuit aux appareils récents, supposés moins bruyants. Or, quand on regarde les chiffres, l’écart de bruit est extrêmement faible : il est imperceptible à l’oreille humaine. Nous ne faisons que nous appuyer sur les données officielles qui nous ont été fournies», affirme Florence Bougault, présidente de la Fédération.

Concrètement, l’association atteste que, pour les atterrissages, la comparaison entre 1378 mesures d’Airbus Néo (avion nouvelle génération) et plus de 52.000 relevés d’autres appareils fait apparaître un écart inférieur à un décibel, seuil de perception de l’oreille humaine. Pour les décollages, la différence constatée atteint environ 2,8 décibels en moyenne, mais reste en deçà du seuil de trois décibels nécessaire pour percevoir un changement. Selon la Fédération des comités et syndicats de quartier de Pessac, «il est vrai que les nouveaux avions génèrent légèrement moins de bruit au décollage. Mais la différence est tellement minime qu’elle ne change rien à la qualité de vie. On reste sur des niveaux sonores qui empêchent de dormir : si vous passez de 73 à 70 décibels, le niveau sonore reste insupportable, surtout en pleine nuit».

Les riverains réclament toujours un couvre-feu

«Pour l’instant, nous n’avons rien obtenu de satisfaisant. L’avion qui ne fait pas de bruit n’existe pas. Ce que nous demandons, c’est un couvre-feu strict. Et si le préfet veut comprendre ce que vivent les habitants, qu’il vienne passer une nuit sous les trajectoires d’approche, il verra le désagrément», lance Florence Bougault. «Nous avions demandé à la présidente de Bordeaux-Métropole qu’une motion soit votée, comme cela a été fait pour les aéroports de Lille, Nantes ou Toulouse . Nous n’avons jamais obtenu de réponse. Il faut se rendre à l’évidence : si l’on ne considère pas que les habitants ont le droit de dormir la nuit, on ne va pas dans le bon sens», poursuit-elle.

La fédération des riverains réclame donc toujours un couvre-feu entre 22 heures et 6 heures, pour le bien des 60.000 habitants concernés dans les zones les plus densément survolées (à Bègles, Talence, Pessac ou Martignas-sur-Jalle). Au-delà de l’interdiction des vols nocturnes, les associations plaident également pour la fermeture de la piste secondaire, le plafonnement du trafic annuel à 70.000 mouvements, soit une réduction de 15% par rapport à 2019, et l’optimisation des trajectoires de vol afin de réduire les zones survolées.

Contacté par Le Figaro, le préfet Étienne Guyot indique avoir pris connaissance du communiqué de l’association et rappelle que «sa proposition doit toujours faire l’objet d’une décision interministérielle». De son côté, Bordeaux-Métropole ne souhaite pas faire de commentaires.