Existe-t-il en France des espaces commerciaux à ciel ouvert qui ressemblent à Promenade Sainte-Catherine ?

Redevco, la foncière néerlandaise qui est propriétaire de Promenade Sainte-Catherine, a réalisé une opération similaire à Aix-en-Provence, Les Allées, dont j’ai été directeur pendant une quinzaine d’années. La différence, c’est que la Ville d’Aix-en-Provence a tenu à conserver les parties communes, qui sont entrées dans le domaine public. À Bordeaux, Redevco les a conservées. On ferme les portails le soir, on les rouvre le matin, on nettoie tous les jours, on sécurise de l’ouverture à la fermeture. C’est la particularité. Le concept d’origine était de créer une oasis, un peu à l’écart de l’agitation de la rue Sainte-Catherine. On veut garder cet esprit de cocon. L’acoustique est excellente. Elle nous permet de retransmettre de l’opéra en direct ou de faire des concerts.

C’est un gros avantage d’être chez soi. Récemment, quelqu’un m’a dit qu’on n’avait pas l’impression que Promenade Sainte-Catherine avait 10 ans, que l’endroit avait très bien vieilli. C’est sans doute dû à la qualité de l’architecture. L’ensemble s’est extrêmement bien fondu dans le paysage bordelais. On a vocation à devenir un véritable quartier de la ville. C’est la stratégie qu’on développe depuis dix ans. Il y a déjà des gens qui disent : « On va à la Promenade. »

Quels sont les chiffres de fréquentation ?

Nous réalisons plus de chiffre d’affaires avec moins de monde. En 2016, il avait été de 53 millions d’euros. À l’époque, on accueillait près de 6 millions de visiteurs par an, contre 4,6 millions en 2024, mais pour un CA qui se monte à 65 millions d’euros (+ 23 %). Cela s’explique par la performance des marques. Le turnover qui se crée est plutôt sain. En dix ans, on a renouvelé entre 35 % et 40 % des marques, ce qui a un effet vertueux. On peut créer de la nouveauté, installer une marque qui vient d’arriver. On a une belle image auprès de la profession.

C’est un lieu qui fonctionne. Le samedi, il y a entre 25 000 et 30 000 visiteurs de moyenne, au mois de décembre jusqu’à 45 000. On aime pouvoir leur dire qu’il y a des marques qu’ils ne trouveront nulle part ailleurs. On est très météo sensibles, mais on a laissé tomber l’idée de couvrir avec un équipement amovible. Ça dénaturerait tellement le lieu.

« Le concept d’origine était de créer une oasis, un peu à l’écart de l’agitation de la rue Sainte-Catherine »

Comment savoir ce que les gens recherchent ?

Tous les deux ou trois ans, on missionne un cabinet d’études qui interroge les clients, les questionne aussi sur les événements que nous créons. Le taux de satisfaction globale est de 8,1 sur 10, ce qui est assez exceptionnel, avec de très bonnes notes sur la sécurité, la propreté. Sur l’accueil, elles se sont fortement améliorées, parce que nous avons développé des espaces repos en bois de dimensions importantes. Nous avons une clientèle plutôt jeune, 32 ans de moyenne d’âge. Mais quand il y a un changement d’enseigne, on n’a jamais voulu rajouter une enseigne « jeunes ». On veut garder une offre globale. Les jeunes, ils sont déjà là.