Cela devait être un royaume de la voiture d’occasion. Les parties civiles soupçonnent, elles, que le site des sociétés Exclusive Cars et Tel Car’s à Cadaujac a plutôt été un temple de l’arnaque. En quatre ans, pas moins de 89 plaintes ont visé ces deux sociétés de négoce automobile qui travaillaient de concert. Les sociétés et leurs gérants comparaissent depuis ce jeudi 2 octobre et jusqu’à vendredi 3 devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Ils répondent de « tromperies », « escroqueries », « mise en danger de la vie d’autrui » et « abus de confiance ». À leurs côtés, un gérant d’une société de contrôle technique est suspecté de « complicité ».

Les voitures avaient, pour la plupart, de nombreux kilomètres au compteur et étaient vendues quelques milliers d’euros. Mais les recensements réalisés par les enquêteurs de la Répression des fraudes indiquent que dans 21 ventes, les acomptes ont été encaissés sans honorer la promesse d’effectuer les réparations nécessaires avant la livraison. Pas moins de 29 voitures ont été remises aux acheteurs dans un état non conforme aux règles de circulation, 21 présentaient des irrégularités administratives, 31 ont été vendues sans contrôle technique… Certains acheteurs n’ont tout simplement jamais pu récupérer leur véhicule, d’autres ont constaté que la garantie commerciale vantée par le vendeur ne fonctionnait pas (la société prestataire n’ayant pas été payée)… D’autres, quelques jours après leur achat, ont effectué un nouveau contrôle technique chez un autre opérateur. Ses conclusions étaient autrement plus sévères que celles présentées au moment de la vente.

« Le sentiment d’avoir été baladés »

« Les acquéreurs ont le sentiment d’avoir été baladés », résume le président Cyril Vidalie. « Je reconnais ma responsabilité », plaide le principal gérant, assurant avoir été « dépassé ». En garde à vue, un de ses acolytes avait été plus explicite : « Il achetait des merguez. Il arrivait à vendre des m…des à des clients crédules. »

« Merguez, c’est des voitures qui ont un petit problème technique et qu’on remet en réparation », corrige à la barre le prévenu. « Cela peut aussi vouloir dire que les personnes ne vont pas être satisfaites », poursuit le magistrat. « Sûrement », balbutie le vendeur de voitures.

Le parquet prendra ses réquisitions ce vendredi matin.