En septembre dernier, nous avions titré « Municipales 2026 : mais quel est donc ce mystérieux sondage ? », après avoir eu vent d’une enquête menée par l’Institut Cluster 17. Depuis ce jeudi, on sait que le commanditaire n’était autre que l’Ades, l’historique association écologiste de Grenoble (à laquelle appartiennent Raymond Avrillier et Vincent Comparat notamment), qui participe à la campagne de Laurence Ruffin, la candidate de l’après-Piolle.

Le Dauphiné Libéré a aussi pu consulter les résultats de ce sondage, avant que la notice officielle soit publiée. Si les résultats vont ravir un certain « camp », il convient toutefois de rappeler qu’un sondage reste un sondage, que ce n’est pas une prédiction, et que l’impact d’une campagne électorale, avec ses rebondissements, peut changer bien des choses. D’autant qu’on a pu connaître, par le passé, y compris à Grenoble, quelques échecs sondagiers retentissants…

Maintenant que tout cela est dit, la parole d’introduction est donnée à Jean-Yves Dormagen, président de Cluster 17 et professeur à l’université de Montpellier : « Les résultats que nous avons obtenus ne sont pas si étonnants que cela. On le sait, et on le voit au fil des différents scrutins, Grenoble fait partie des villes les plus à gauche de France. Dans notre classification sous forme de clusters, c’est même la commune qui compte le plus de “multiculturalistes” et de “solidaires” du pays, c’est-à-dire que la gauche radicale est très présente chez vous. C’est donc presque normal que, dans notre sondage, une liste d’union de la gauche écologiste, menée par Laurence Ruffin, atteigne 45 % des intentions de vote au premier tour des municipales ».

Autres enseignements ?

« On voit que les deux listes du centre [pour le sondage, il y a une hypothétique liste Renaissance avec Émilie Chalas et une autre, qui existe déjà en vrai, avec Hervé Gerbi, chef de file d’Horizons, NDLR] ont un peu de mal. Mais ça, c’est général dans toute la France, avec le rejet grandissant d’Emmanuel Macron ».

« Grenoble fait partie des villes les plus à gauche de France »

Il continue : « Nous avions ensuite testé une configuration avec une liste d’union de la gauche (Écologistes, PCF, PS), mais sans LFI qui part en autonome (ce qui est devenu vrai depuis la réalisation du sondage). Là, on s’aperçoit que même si La France insoumise fait un score haut, elle n’arrive pas à faire le plein des voix qu’elle avait pu avoir aux Européennes à Grenoble en 2024. LFI n’arrive pas à se placer en tête de la gauche. »

Et pour ce qui est d’Alain Carignon (LR), l’ancien maire de Grenoble à nouveau candidat, qui part avec une liste sans étiquette ? « On voit qu’il se maintient très bien et dépasse même son score des municipales de 2020, avec 24 % et 22 % selon les hypothèses. Il arrive très bien à agréger autour de lui toutes les droites. Et si le RN [qui dans le sondage est crédité de 8 % des intentions de vote, NDLR] ne présentait pas de liste au final, cela pourrait faire monter son score. »

Voici quelques détails du sondage

Première configuration pour les intentions de vote au premier tour, et avec des listes et des étiquettes imaginées par le sondeur.

– Liste union avec Ruffin (EELV/LFI/PS/PCF) : 45 %

– Liste Carignon (LR/DVD) : 24 %

– Liste Chalas (Renaissance et Modem) : 14 %

– Liste Gerbi (Horizons) : 9 %

– Liste Gabriac (RN- UDR) : 8 %

Deuxième configuration pour un premier tour

– Liste Ruffin (EELV/PS/PCF) : 31 %

– Liste Carignon (DVD-LR) : 22 %

– Liste Brunon (LFI) : 12 %

– Liste Chalas (Renaissance/MoDem) : 11 %

– Liste Gentil (définie comme Place publique, alors que c’est la coalition « G2C ») : 9 %

– Liste Gabriac (RN/UDR) : 8 %

– Liste Gerbi (Horizons) : 7 %

Il est à noter que dans les deux configurations, il manque la liste citoyenne GAC (Grenoble alpes collectif), porteuse d’idées de gauche.

Les électeurs de Piolle et de Carignon en 2020 voteraient…

– Dans la première configuration (celle de l’alliance à gauche), les électeurs d’Eric Piolle en 2020 voteraient à 85 % pour Laurence Ruffin. Dans la seconde, ils voteraient à 67 % pour Laurence Ruffin et à 18 % pour Allan Brunon (LFI).

– Ceux qui ont voté pour Carignon en 2020 feraient la même chose à 70 % dans les deux configurations, avec un transfert de 17 % ou 18 % pour l’éventuelle liste RN de Valentin Gabriac…

Pour le centre

Les électeurs d’Émilie Chalas aux municipales de 2020 seraient 47 % à revoter pour elle, 23 % à voter pour Gerbi et à 16 % pour Carignon, dans la première configuration.

Ceux qui ont voté LFI aux Européennes

Ceux qui ont voté pour LFI aux Européennes de 2024 voteraient à 53 % pour Allan Brunon, et à 41 % pour Laurence Ruffin dans la seconde configuration.

Ceux qui ont voté RN

Ceux qui ont voté pour le RN aux Européennes de 2024 voteraient à 53 % pour Alain Carignon et à 37 % pour Valentin Gabriac (peut-être en raison du déficit de notoriété de ce dernier), dans la 1re configuration.

Ceux qui avaient voté Noblecourt en 2020

Ceux qui avaient voté Olivier Noblecourt (PS et alliés) aux municipales de 2020 voteraient à 53 % pour Ruffin dans la première configuration. Mais ils voteraient à 29 % pour Ruffin et 29 % pour la liste Gentil, qui apparaît seulement dans la seconde configuration.