Pour cette troisième journée nationale de mobilisation contre l’austérité en un mois , la manifestation organisée à Strasbourg par l’intersyndicale bas-rhinoise au grand complet a rassemblé moins de participants que lors des deux rendez-vous précédents. La CGT a compté cette fois-ci près de 8 000 personnes dans les rues de la capitale alsacienne (1 500 selon la police) alors qu’elle en avait dénombré près de 10 000 le 10 septembre et près de 15 000 huit jours plus tard. À Mulhouse, le syndicat a compté 1 500 manifestants contre 800 pour la police. À Colmar, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées à l’appel de l’intersyndicale, légèrement moins que le 18 septembre.
Cet essoufflement n’a pas réellement surpris les dirigeants syndicaux. À l’issue du cortège strasbourgeois, ceux-ci ont rappelé par la voix d’Eric Borzic, secrétaire général de l’union départementale FO du Bas-Rhin, « qu’il n’est pas toujours facile pour les salariés de faire grève, ni d’enchaîner les journées de grève surtout lorsqu’elles jouent à saute-mouton ». Tout comme Laurent Feisthauer, secrétaire général de la CGT du Bas-Rhin, ce dernier voit dans la succession des journées de mobilisation un moyen efficace de maintenir la pression sur le Premier ministre et le gouvernement à venir.
« Si on ne se mobilise pas en nombre, on ne sera pas entendu »
« On n’a pas d’autre solution puisqu’on n’a pas de gouvernement avec qui négocier », s’est désolé Eric Borzic tout en relevant que « ces journées de mobilisation avaient déjà poussé Lecornu à reculer sur les deux jours fériés et la réforme de l’assurance-chômage ».
Nombre de manifestants qui ont battu le pavé ce jeudi étaient déjà présents lors de la journée d’action intersyndicale du 18 septembre , sinon lors de la journée « Bloquons tout » du 10 septembre. « Si on ne se mobilise pas en nombre, on ne sera pas entendu », a notamment fait valoir Jacky, un agent communal, qui a fait grève jeudi pour la troisième fois en un mois. « On ne connaît toujours pas la teneur du futur budget ».
« Des idées à faire passer »
Pas question non plus pour Séverine, enseignante en collège syndiquée à la FSU, dont c’était la troisième manifestation en un mois, de relâcher la pression : « On a des idées à faire passer, comme celle d’un impôt plancher sur la fortune ou le conditionnement des aides publiques aux entreprises. Grâce à la mobilisation actuelle on voit qu’elles ont un écho dans la société française », a confié celle qui, comme beaucoup, s’est dite « prête à descendre dans la rue tant que les revendications intersyndicales ne seraient pas prises en compte ».