Des phares blanchâtres percent le petit matin sur le bord d’une départementale. Quelques silhouettes discrètes s’approchent du bus. La promesse est quasiment tenue : « Un car toutes les 15 minutes », affichait la campagne de lancement. Montre en main, on y est presque. Depuis le 1er septembre, la ligne 480 relie désormais Beautiran au Haillan, avec des fréquences renforcées pour les heures de pointe. Elle est la petite dernière du réseau de « cars express » mis en place par la Région Nouvelle-Aquitaine. Vraiment « express » ? « Quand il n’y a pas trop de bouchons », sourit déjà Melissa, nouvelle utilisatrice du service.
Cette préparatrice de commandes de 26 ans fait chaque jour le trajet jusqu’à Mérignac, où elle travaille. « Je mets entre 1 h 20 et 1 h 30. Mais c’est pratique pour moi. Avec le train, je dois passer par Bordeaux, puis prendre deux bus… Et si le train est en retard, je rate les correspondances. » Quitte à rallonger un peu le temps de trajet, le car évite surtout le passage obligé par la gare Saint-Jean et les encombrements inévitables du centre-ville. C’est d’ailleurs l’argument premier de la Région : connecter les territoires périphériques à la Métropole, sans transiter par Bordeaux.
Un « RER Métropolitain » sur roues
Voici donc la ligne 480 qui intègre les quatre lignes « express » déjà en circulation, dans le cadre du projet de « RER Métropolitain » voulu par la Région. Pas de rails ni de wagons ici, mais des cars tout confort, avec sièges inclinables, prises, Wi-Fi et tablettes pour travailler. Presque un TER sur roues, sans la difficulté de trouver une place assise.
Car pour l’instant, les bus roulent surtout à vide. « Comme on s’arrête peu, on est en avance tout le temps », sourit Jean-Philippe, l’un des chauffeurs affecté sur la ligne. Mi-amusé, mi-fataliste, l’homme des 63 ans veut croire à l’avenir du service. « Les gens de chez Thalès, je sais qu’il y en a qui font le même trajet que moi. Mais ils ne sont pas encore au courant que ce bus existe. »
À 63 ans, Jean-Philippe fait partie des nouveaux conducteurs de la ligne 480.
B. M. / SO
Chaque car en son temps
Les premiers bilans confirment un démarrage tout en douceur, façon moteur diesel pour les cars. Après un mois d’exploitation, la fréquentation plafonne à 170 ou 180 voyageurs par jour. Un chiffre bien en deçà des autres lignes express : 700 à 800 usagers quotidiens entre Bordeaux et Blaye, plus de 1 000 sur la ligne Créon – Bordeaux. « Mais elle a un haut potentiel, avec une zone d’emploi comme celle de l’aéroport », plaide Renaud Lagrave, vice-président de la Région en charge des mobilités.
Pour l’élu, la ligne a donc vocation à être utilisée, petit à petit, et avec un objectif clair : « Développer un mix entre le ferroviaire et le car. Tout ne doit pas passer par Bordeaux », martèle-t-il. « La ligne a un haut potentiel. Elle répond à une étude de secteur et correspond à un corridor très utilisé ».
Les prochains jalons sont déjà posés : deux nouvelles lignes express doivent voir le jour en 2026 et 2027.