Elle a passé sa vie à mener des combats : devoir de mémoire, lutte syndicale, défense du droit des femmes. Camille Senon est décédée à l’âge de 100 ans. Retour sur le parcours de cette femme dont le destin a été marqué par le drame d’Oradour.
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L’information nous a été confirmée par la mairie d’Oradour et le syndicat CGT. Camille Senon est décédée ce jeudi 2 octobre à l’âge de 100 ans.
Née le 5 juin 1925, à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), Camille Senon a vu sa vie basculer le 10 juin 1944. Ce jour-là, à 18h, gare des Charentes à Limoges, elle prend le dernier tramway qui va l’emmener vers son village, devenu village martyr.
Elle sera stoppée à l’entrée de la commune et faite prisonnière par les SS. C’est dans un champ, avec l’épicier du village, que la jeune femme apprendra l’horreur du massacre : « Emile Redon, il avait une fille de mon âge et il s’approche de moi et me dit en me montrant le SS, ‘tu sais ce qu’il vient de me dire celui-là, il vient de me dire, les femmes et les enfants brûlent dans l’église’. Nous, nous avions vu l’église en flamme, mais comment imaginer que des femmes, des enfants, pouvaient brûler dans l’église… C’était impensable, c’était inimaginable ! »
Libérée sans explications, la jeune femme qui travaillait à Limoges, était venue voir sa famille et découvre alors le village après le massacre : « J’avançais comme dans un cauchemar… Mais je me disais, ‘je vais bien voir une maison intacte, je vais bien voir un visage familier’, et plus j’avançais, il n’y avait que des ruines, que des ruines… Quelques chiens errants, c’était tout ce qui était vivant. »
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Camille Senon a passé sa vie à mener des combats : devoir de mémoire, lutte syndicale, défense du droit des femmes. Retour sur le parcours de cette femme dont le destin a été marqué par le drame d’Oradour.
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©Emmanuel Denanot – France 3 Limousin – France Télévisions
En 1953, Camille Senon témoignera au procès de Bordeaux. Mais dans cet après-guerre, la femme de conviction consacrera sa vie au militantisme… Au Parti Communiste, et principalement à la CGT. Elle est nommée aux chèques postaux de Paris, à une époque où le tractage et les prises de paroles syndicales ne sont pas encore autorisés. Elle deviendra secrétaire générale CGT au sein de cette entreprise.
Syndicaliste jusqu’au bout des doigts, mais également féministe, Camille Senon fait la une de l’actualité en mai 2016. À 91 ans, elle refuse ouvertement la proposition du Premier ministre de l’époque, Manuel Valls : il souhaite la nommer commandeur de l’ordre national du Mérite. « Je suis, en tant que militante syndicale, en conflit avec Mr le Premier ministre sur le problème de la Loi travail. Je suis totalement solidaire des salariés, des jeunes, des députés qui se prononcent contre cette loi. », expliquait-elle alors.
Officier de la Légion d’honneur, Camille Senon a lutté contre l’oubli et transmis le douloureux récit du massacre d’Oradour à de très nombreux jeunes tout au long de sa vie.
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© France Télévisions – France 3 Limousin
Parallèlement, la femme consacre son existence au devoir de mémoire… Raconter encore et encore le drame aux jeunes générations.
Officier de la Légion d’honneur, Camille Senon a lutté contre l’oubli et transmis le douloureux récit du massacre d’Oradour à de très nombreux jeunes tout au long de sa vie.
« Il faut être ouvert à la jeunesse et essayer de leur donner de l’espoir. Leur donner une confiance en l’avenir et en l’être humain. »
Le 5 juin 2025, Camille Senon avait eu 100 ans. Elle avait célébré cet anniversaire, entourée de ses proches, un moment où il fut encore question de lutte contre l’injustice et pour la liberté.