Le graphisme est épuré. Quelques traits. Pas de nez sur les visages de ces enfants d’une dizaine d’années. La dessinatrice et réalisatrice Émilie Tronche a réalisé le premier épisode de « Samuel » en seulement cinq jours et le style est resté. Ça n’empêche pas cette série d’animation française de cartonner.

Lancée en mars 2024 sur les réseaux sociaux d’Arte, elle a totalisé 40 millions de vues. Un succès qui s’est prolongé par une version remontée de quatre-vingt-treize minutes diffusée sur Arte (la chaîne télé cette fois), par une adaptation en bande dessinée chez Casterman – 50 000 exemplaires vendus depuis son lancement en mai 2025 – et par une diffusion prochaine sur Netflix en France, mais aussi aux États-Unis, au Canada et en Australie.

La chronique de la vie de ce jeune garçon des années 2000, de son amour secret pour Julie, en CM2 comme lui, de Corentin, son meilleur ami, de Dimitri, qu’il déteste, de Bérénice, qu’il trouve bizarre, touche les préados du même âge, mais aussi un public de 25-35 ans, qui y trouve des références à sa propre enfance (les feuilles Diddl, les morceaux de Benny Benassi…). Ce qu’on sait moins, c’est que c’est depuis la Gironde que ce succès s’orchestre. La série est produite par Les Valseurs, une société partagée entre Paris et Bordeaux, connue notamment pour avoir assuré la production exécutive du film « Chopin, Chopin ! » en octobre 2024.

Charles Audinet et Olivier Laroche devant l’espace dédié aux produits dérivés de la série, dans la librairie Krazy Kat.

Charles Audinet et Olivier Laroche devant l’espace dédié aux produits dérivés de la série, dans la librairie Krazy Kat.

Ch. L.

« C’est Damien Megherbi, le gérant de la société, qui avait repéré le travail d’Émilie Tronche alors qu’elle était encore étudiante à l’Emca [École des métiers du cinéma d’animation, NDLR], à Angoulême », explique Charles Audinet, qui organise les tournages depuis Bordeaux. « Comme elle a souhaité travailler avec des copains qu’elle avait en Charente, c’était logique que ce soit nous qui la suivions. »

Une soirée « Samuel » pendant le Fifib

En développant même toute une gamme de produits dérivés : casquettes, tasses, puzzles, magnets… Des objets achetables en ligne (laboutiquedesamuel.com) ou dans un corner ouvert jusqu’à la fin décembre dans la librairie Krazy Kat, rue Saint-James. « Charles avait repéré une décoration sur ‘‘Samuel’’ qu’on avait faite dans notre vitrine et il nous a contactés, explique Olivier Laroche, le directeur adjoint de la librairie. Cet espace de vente nous permet de toucher un public différent, de 18 à 35 ans. En temps normal, nos produits dérivés tournent autour de la BD franco-belge ; là, on a des objets qu’on n’a pas habituellement. »

« Samuel », la chronique de la vie de préadolescents dans les années 2000.

« Samuel », la chronique de la vie de préadolescents dans les années 2000.

Émilie Tronche / Les Valseurs

« On cherchait un relais local pour le merchandising et on tenait à ce que ce soit un indépendant, comme nous », appuie Charles Audinet, qui entend aller plus loin pendant le Fifib. « Le 8 octobre, on aura une soirée ‘‘Samuel’’ cour Mably, au cours de laquelle on projettera un nouveau montage des 25 épisodes de la série, avec des séquences inédites. On exposera des planches originales et on proposera une boum années 2000 avec les titres qui correspondent à l’époque à laquelle la série se déroule. »

En attendant de faire venir Émilie Tronche à Bordeaux. Ça, ça pourrait être le 26 novembre à la bibliothèque Mériadeck. Mais c’est encore en cours de négociation.