Publié le
3 oct. 2025 à 18h18
« On a un rôle à jouer en tant qu’entrepreneur », plante Kenza Keller, fondatrice de la marque de cosmétiques Talm, distribuée au BHV. Une heure après l’annonce de l’arrivée très polémique de Shein, elle a décidé en concertation avec ses équipes, de quitter le grand magasin. « C’était une évidence », confie-t-elle à actu Paris. De son côté, Eric Rey, directeur retail chez Culture Vintage, a pris le parti de retirer les vêtements de son corner dans les jours à venir. « Ça a été une douche froide. Je suis tombé de ma chaise quand j’ai appris la nouvelle. On part parce qu’on préfère perdre du chiffre d’affaires mais être propre que d’être associé à une enseigne qui gaspille les ressources naturelles et exploite des enfants », argumente-t-il ce vendredi 3 octobre 2025. D’autres marques ont choisi de ne pas renouveler leur contrat avec la Société des grands magasins.
« Le BHV était une boutique iconique »
Plus aucun produit Talm ne sera commercialisé au BHV dès le début de l’année 2026. « En tant que femme, en tant que mère, je ne pouvais pas rester insensible à cette arrivée », relève la Parisienne. Pour la créatrice dont les produits sont fabriqués et formulés en France, il était inconcevable que sa marque soit associée à un grand magasin qui distribue Shein, le symbole de la fast fashion.
« J’espère que d’autres nous suivront. Je crois plus au pouvoir de la carte bleue qu’à celui de la carte électorale pour faire changer les choses » et d’ajouter que « l’annonce de cette ouverture est arrivée à point nommé, durant la période annuelle de renégociation des contrats. »
Le départ sera plus rapide pour Culture Vintage, acteur du monde de la fripe depuis 50 ans. « Cela faisait une douzaine d’années qu’on était au BHV et aux Galeries Lafayette », précise Eric Rey. Mais après des mois d’impayés du côté de la Société des grands magasins, l’installation de Shein est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les corners de l’enseigne seront vidés « dans les jours à venir » rue de Rivoli mais aussi dans les Galeries Lafayette de Reims, Dijon et Anger, bien qu’ils semblent se battre contre l’arrivée du géant chinois.
Pour Kenza Keller, c’est un crève-cœur. « Ça me donne la nausée. Le BHV était une boutique historique, iconique. J’y flânais avec mon père qui travaillait dans le quartier. C’était un des emblèmes de Paris. Ce qui se passe, c’est un message fort. Je suis sidérée », confie-t-elle.
Quitter rue de Rivoli pour cette jeune marque créée il y a tout juste quatre ans, c’est renoncer en partie à des ventes et à de la visibilité. « On est sélectifs, on ne nous trouve pas dans des Sephora ou des Nocibé mais plutôt au BHV et au Bon Marché », précise la créatrice. Si son chiffre d’affaires est principalement réalisé en ligne, les magasins en physique représentent 40 % de ses ventes.
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« De toute façon, mes clientes n’iront plus au BHV qui n’est plus aligné avec leurs valeurs, nos valeurs. Je leur fais entièrement confiance. J’ai lancé ma marque il y a peu de temps, si au bout de quatre années je fais des compromis sur mon ADN à quoi bon ? », livre Kenza Keller. Comme elle, les fondateurs de Aime, Maison Pechavy ou encore Panafrica ont choisi de ne pas renouveler leur contrat avec la Société des grands magasins.
Face à la levée de boucliers, la mairie de Paris invite la SGM à renoncer. De son côté, Emmanuel Grégoire, candidat socialiste à la mairie de Paris, a lancé une pétition faute de mieux. Ce vendredi soir, elle réunissait 1 542 signatures.
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