Publié le03/10/2025 à 18h11
Le maire de Rouen a fait un signalement au procureur de la République, à la suite d’une violente bagarre au bar Le 3 Pièces, impliquant des membres de l’Action française, vendredi 26 septembre 2025. Mais que s’est-il passé ? Éléments de réponses.
L’actu des régions
Chaque jour, un tour d’horizon des principales infos de toutes les régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter « L’actu des régions ». Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité
Plusieurs témoins nous ont raconté la scène du vendredi 26 septembre 2025, au bar Le 3 Pièces à Rouen, vers 22h30.
« C’était super, la terrasse était blindée, on venait de voir l’un des meilleurs concerts de ma vie, un groupe américain de Portland Forty Feet Tall, se souvient avec enthousiasme, Lucas, 27 ans, présent sur place. Ce bar est génial, tout le monde se connaît, c’est très familial. »
Et puis, vers 22h30, six jeunes hommes, « âgés de 18 à 22 ans pas plus », sont arrivés et sont restés debout au bout d’une grande tablée sur la terrasse. « Personne ne les connaissait », assure l’une des personnes présentes ce soir-là.
« L’un d’eux exhibe un tee-shirt avec les logos cannabis, féministe et communistes barrés où c’est écrit ‘zéro tolérance’ et nous demande si on connaît ça », raconte Lucas. Des personnes présentes ce soir-là entament alors des discussions avec eux mais visiblement, l’un des six jeunes hommes n’aurait pas apprécié un échange de regard avec un client du bar.
Ce dernier serait alors monté sur une table avant de se jeter sur un jeune homme, qui est tombé par terre. « C’est alors que plusieurs personnes présentes ce soir-là commencent à se positionner devant le jeune homme agressé pour le protéger et demandent aux six autres de partir », continue Lucas.
« Mais ça s’envenime, ils sortent une gazeuse, l’un d’entre nous s’en prend dans les yeux, ça commence à partir en mêlée générale et ils se font dégager. Ils partent en faisant des saluts nazis. C’était des zinzins de l’espace, comme si c’était préparé leur truc », souligne un client.
Aujourd’hui, ils disent qu’ils sont victimes d’un groupe antifasciste mais pas du tout ! Ce sont eux qui politisent le truc. Nous étions juste des clients d’un bar qui ne veulent pas se faire taper dessus. C’était une super soirée, ils ont juste tout gâché.
Trois personnes ont été blessées, selon les clients interrogés. Le gérant du bar a déposé une main courante au commissariat mais n’a pas souhaité répondre aux questions de France 3.
Le maire (PS) de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a écrit une lettre jeudi 2 octobre 2025 au procureur de la République pour effectuer un signalement. « Il ressort des éléments communiqués (photos et vidéos, Ndlr) que tout porte à croire que l’action de ces individus était préméditée », écrit l’édile.
J’ai décidé de vous alerter sur cette situation notamment dans le contexte d’une manifestation susceptible d’être organisée le 18 octobre prochain à Rouen, à l’initiative des mouvements identitaires locaux.
Lettre de Nicolas Mayer-Rossignol au procureur de Rouen
Ce dernier alerte également « sur le fait que les identitaires, et la mouvance d’extrême droite en général semblent depuis quelques années se développer localement. J’en veux pour preuve la tentative de soirée intitulée Auslander Raus, organisée par le bar Le Mora, situé rue Cauchoise, en juin 2024, soirée qui avait été annulée suite à la forte pression des pouvoirs publics, et à propos de laquelle j’avais été amené à prendre un arrêté municipal l’interdisant ».
Le maire parle également de faits similaires dans un autre bar de Rouen, L’Estaminet, situé rue Cauchoise. Mais cela n’a peut-être aucun lien.
Sur les réseaux sociaux, Action française livre une toute autre version des faits.
« Nos militants ont été les victimes d’une agression par des antifascistes violents en très large supériorité numérique. Ils n’ont fait que s’extirper de ces coups en état de légitime défense. Nous saurons faire usage de nos droits en temps voulu », écrivent-ils.
Ils interpellent également le maire : « cautionnez-vous que six de vos administrés soient lynchés par 30 antifascistes, vous qui êtes si prompt à condamner sans être au fait des événements ? »
De son côté, le procureur de la République nous indique qu’une enquête est en cours.