Publié le
4 octobre 2025
Au fil d’une journée qui s’est muée en un déluge battant, Paris a eu droit à quatre collections mémorables présentées par cinq créateurs non français : Lazaro Hernandez et Jack McCollough chez Loewe, Harris Reed chez Nina Ricci, Sarah Burton chez Givenchy et Victoria Beckham.
Loewe : Les amis américains signent des débuts avec brio
Un autre jour, un autre début. Cette fois, c’est au tour des Américains Lazaro Hernandez et Jack McCollough de livrer pour la maison Loewe un manifeste moderniste resserré et cohérent qui a fait forte impression.
Voir le défiléLoewe – Printemps-Été 2026 – Vêtements Femme – France – Paris – ©Launchmetrics/spotlight
Un exercice délicat à tous égards, puisqu’ils succédaient à Jonathan Anderson, qui avait hissé Loewe au rang du défilé le plus couru de Paris avant de partir chez Dior, où il a fait ses débuts mercredi.
Jack et Lazaro se sont montrés à la hauteur, imaginant une collection léchée aux couleurs primaires, dont le point d’ancrage était le tableau d’Ellsworth Kelly de 1989 – « Yellow Panel with Red Curve« , en jaune canari et cramoisi – placé à l’entrée du show.
Avant de rejoindre Loewe, Jack et Lazaro ont fondé et dirigé Proenza Schouler à New York pendant deux décennies, et la collection relevait d’une véritable rencontre entre Manhattan et Madrid. Son fil rouge : une utilisation expérimentale du cuir, ADN même de cette maison espagnole.
Voir le défiléLoewe – Printemps-Été 2026 – Vêtements Femme – France – Paris – ©Launchmetrics/spotlight
Ils ont montré sur le podium un daim aux bords francs décliné en jeans, tops ou gilets courts, et taillé des vestes et blazers rigides, dramatiques, façon pièces d’échiquier, en croûte de cuir ultra raide, réalisés dans des cuirs primaires lustrés – bleu cobalt, orange éclatant, vert forêt. Les finitions multipliaient les versions du logo de la maison, de l’écriture cursive au bloc typographique.
Le cuir était travaillé en multiples couches, presque comme un contreplaqué malléable, « ou un gâteau à étages », a souri Jack en coulisses. On a vu des robes ultra fluides, ou des silhouettes asymétriques dans ce cuir à l’aspect foliacé – des lignes qui n’auraient pas surpris les habitués des défilés Proenza Schouler.
Ils ont également imaginé un daim saisissant, rappelant l’éponge, découpé en robes portefeuille mini très désirables. Et déclenché des sourires avec quelques sacs en cuir sculptés pour évoquer des grappes de coques.
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« Je pense qu’en ce moment, il y a tellement de tristesse dans le monde que nous avons besoin de couleur, de lumière, d’optimisme et de positivité », a ajouté Lazaro, au milieu d’un aréopage de journalistes, tandis que les serveurs passaient des plateaux de coupes de champagne.
Pour leur entrée chez Loewe, le duo a imaginé un espace entièrement blanc, une tente imposante au cœur de la Cité Universitaire, vaste campus situé sur le périphérique sud de Paris. Les invités prenaient place sur des bancs d’angle en carreaux de céramique, sous un plafond percé de fenêtres d’usine inclinées.
Le casting – fidèle à la réputation de la maison de dénicheuse pour ses mannequins – arpentait la salle d’un pas énergique, plus proches de carriéristes new-yorkaises que de Parisiennes choyées. Le tout soutenu par une bande-son nerveuse de l’excellent DJ Frédéric Sanchez, mêlant « Dame Eso » de John Heaven et « Black Naga » de Pachanga Boys.
Avant que le duo, très populaire, ne vienne saluer sous une longue ovation.
Nina Ricci : Femmes fatales
À Paris, la mode impose sa courbe d’apprentissage. Harris Reed semble la gravir à vive allure.
Voir le défiléNina Ricci – Printemps-Été 2026 – Vêtements Femme – France – Paris – ©Launchmetrics/spotlight
C’est ce qui ressort incontestablement de son dernier show pour la maison Nina Ricci : une véritable virée Rock Olympia, peuplée de déesses, de grandes dames groovy et de quelques groupies fortunées.
Présentée dans l’enceinte de l’université la plus célèbre de France – la Sorbonne –, la collection se jouait avec intelligence de la juxtaposition aux pierres taillées, aux marbres et aux ferronneries dorées.
Reed sait manifestement diriger un atelier parisien, et selon ses propres codes. Le défilé s’ouvrait sur une contessa glam en jacquard de soie noire, silhouette façon toupie, le chemisier au décolleté vertigineux, la robe diaphane. En effet, pratiquement tous les chemisiers étaient ouverts jusqu’au nombril.
Au printemps prochain, il veut que les filles Ricci fassent tourner les têtes dans des costumes pantalons en satin bronze, ou dans une belle série de vestes masculines à paillettes, déclinées en teintes de café brûlé et de bleu cobalt. Les jupes, virevoltantes, s’arrêtaient au genou avec des inserts de dentelle, toujours ancrées par de hautes bottes en python aux talons en laiton.
Voir le défiléNina Ricci – Printemps-Été 2026 – Vêtements Femme – France – Paris – ©Launchmetrics/spotlight
Pour le soir, il privilégie des peignoirs en sequins ou en velours, portés ouverts sur des cocktails en mousseline à pois semi-transparente ou sur des pantalons. On a regretté de ne pas voir davantage de son tailoring, comme un superbe frac orné de brandebourgs.
Dans un défilé ramassé, Harris a reçu une belle salve d’applaudissements d’un public dont la moitié semblait composée d’influenceurs. Le registre de Reed est certes étroit, mais ce qu’il fait, il le fait bien. Et, après un premier show qui tenait du pastiche de mode, cette collection distillait une généreuse dose de chic séduisant. Il apprend vite.
Givenchy : Drame sexy et plus encore
Un nouveau sens raffiné de la séduction balaie la mode. Si vous la voulez sombre et diabolique, Givenchy est votre maison de prédilection pour le printemps prochain.
Collection Givenchy printemps/été 2026 à Paris – Courtesy
La directrice de la création de Givenchy, Sarah Burton, a travaillé un cuir noir chic et coriace pour insuffler un vrai souffle : des justaucorps chauve-souris et des petites robes noires aux robes-manteaux décolletées.
Elle a basculé vers des moments de déesse du rock avec un dynamique blouson d’aviateur en cuir noir, rehaussé d’une double fermeture éclair. Et a déclenché des « whoa » audibles chez les hommes comme chez les femmes quand une véritable bombe voluptueuse, Emeline Hoarau, a filé en jupe en cuir noire à poches et soutien-gorge push-up. La température a semblé grimper de plusieurs degrés après ce passage. Un moment « une star des podiums est née » dont chacun s’est soudain rendu compte qu’il avait cruellement besoin.
Il s’agit de « retirer la structure du tailleur pour révéler la peau et un sentiment de légèreté et d’aisance – puis d’explorer le vocabulaire féminin de l’habillage et du déshabillage », a expliqué Sarah dans sa note de programme.
Collection Givenchy printemps/été 2026 à Paris – Givenchy
Son tailoring était net et précis : des tailleurs pantalons en fine laine blanche, statuesques et à double boutonnage, ou le parfait costume d’entreprise fuselé. Burton a aussi réinterprété l’emblématique blouse Bettina, mais en version chemise. Une déclinaison d’officier, avec poche et épaules exagérées, portée par Eva Herzigová, ou une beauté asiatique en une merveilleuse chemise aristo oversize, sculptée.
Et, comme lors de ses débuts assurés en mars, le défilé regorgeait de superbes accessoires et bijoux fantaisie. Colliers étoile brisée ou en perles surdimensionnées, boucles d’oreilles oblongues graphiques, bracelets cloutés.
Côté souliers, le registre était inégal : superbes escarpins en cuir, recouverts de pétales, mais confusion avec l’utilisation excessive de « serpillières » en cuir verni en guise de chaussures.
Collection Givenchy printemps/été 2026 à Paris – Courtesy
Par moments, on a eu l’impression que Burton en faisait trop avec une demi-douzaine de concoctions en mousseline plissée et en résille – exposant sous-vêtements et silhouettes des mannequins. De plus, un ensemble soutien-gorge et jupe de femme des cavernes était tout simplement insondable. Des looks que plusieurs mannequins du casting n’ont manifestement pas aimés.
Une prestation un brin erratique, certes, mais pleine d’allant. Le show était monté devant le tombeau de Napoléon, dans une salle circulaire d’un blanc immaculé, en contraste avec la pluie grise et violente qui accueillait les invités à la sortie.
Victoria Beckham : En roue libre dans le cloître
Victoria Beckham a le vent en poupe. Jeudi prochain, son documentaire en trois parties débute sur Netflix. Ce vendredi, elle a présenté une collection fluide, sexy et sophistiquée dans les cloîtres du Val-de-Grâce.
Voir le défiléVictoria Beckham – Printemps-Été 2026 – Vêtements Femme – France – Paris – ©Launchmetrics/spotlight
Le sacré côtoie le profane dans une collection qui témoigne de sa montée en puissance en tant que créatrice. Les robes très féminines en sont la clé de voûte – en particulier une séquence centrale de robes nuisettes. Astucieusement construites avec des armatures internes dissimulées, bordées de dentelle ou froncées par des bandes au crochet. Elles gagnent ainsi une asymétrie inédite et oscillent légèrement, sensuellement.
« Je pense qu’avec une fille adolescente, je suis attirée par une certaine naïveté et je crois qu’on la retrouve dans toute cette collection », a déclaré Beckham.
Alors que la pluie battait au dehors, le DJ Michel Gaubert a galvanisé l’ambiance en lançant le show sur le thème musical de « Knight Rider », et tout le casting a semblé répondre par une démarche affirmée.
Voir le défiléVictoria Beckham – Printemps-Été 2026 – Vêtements Femme – France – Paris – ©Launchmetrics/spotlight
Victoria a aussi haussé le niveau technique – montrant un trio de tops sculptés recouverts de plumes de coq pulvérisées à la main. Son tailoring se révélait impeccable, avec des pantalons extra-longs et des vestes masculines à double boutonnage, portés avec des T-shirts.
« Je vis en T-shirts et je suis toujours à la recherche du débardeur parfait. C’est pourquoi nous les portons avec des costumes », a expliqué Victoria lors d’un échange en coulisses après le show.
Quelques secondes plus tard, son mari David l’a poliment interrompue : « Chérie », dit-il en lui tendant un verre de vin rouge. Tous deux ont ensuite bu à cette heureuse occasion.
Autrefois la cible de tabloïds britanniques se moquant d’une maison en proie aux douleurs de croissance, Victoria Beckham pourrait aujourd’hui se permettre un brin de schadenfreude. Sa griffe a enregistré une croissance à deux chiffres au cours de la dernière décennie, guidée par des partenaires français du luxe, franchissant confortablement la barre des 100 millions de livres sterling de chiffre d’affaires annuel.
Voir le défiléVictoria Beckham – Printemps-Été 2026 – Vêtements Femme – France – Paris – ©Launchmetrics/spotlight
La série Netflix devrait doper sensiblement les revenus, en particulier dans la branche beauté de Victoria, que la maison a eu l’audace et l’intelligence de développer en propre, sans licence.
« La réalisation du documentaire m’a poussée à réfléchir à qui je suis en tant que créatrice. À nous interroger sur ce que nous voulons faire et à sans cesse nous dépasser en équipe. Et c’est sans doute une très bonne chose », a-t-elle conclu.
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