Dans un moment de crise démocratique et de défiance envers l’information politique, la chaîne mise sur son indépendance pour continuer sa croissance. Et inaugure un pari culturel, avec quelques recrues bien connues des téléspectateurs.
Anna Cabana, Nicolas Daniel (directeur éditorial de LCP) et à droite Emmanuel Kessler (PDG de LCP), au Griffon, à Paris le 29 septembre 2025. LCP Assemblée nationale
Publié le 29 septembre 2025 à 17h40
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En ces temps de « polarisation », de « tourments », de « clivages », de « fake news » et de « chute de confiance dans la démocratie », la chaîne parlementaire LCP joue à fond sa carte : « indépendance, pluralisme, impartialité », a martelé son patron, Emmanuel Kessler, lors de la présentation à la presse de sa nouvelle saison, le 29 septembre. Une chaîne politique, certes, mais pas seulement : il y a aura aussi cette année de la culture, du reportage, et quelques animateurs qui ont bien roulé leur bosse dans l’audiovisuel public.
Les historiques demeurent : Francis Letellier conserve Lundi, c’est politique, Patrick Cohen poursuit Rembob’INA, et Jean-Pierre Gratien les soirées DébatDoc. Le cœur du réacteur reste au palais Bourbon : depuis le 9 septembre, l’actualité politique est analysée, débattue et commentée par Adeline François et des chroniqueurs, du mardi au vendredi, dans Chaque voix compte, tourné in situ et en public, afin de permettre à des Français lambda de « visiter l’Assemblée nationale et de dialoguer avec des députés ». Ce jour-là, lendemain du vote de la censure contre François Bayrou, LCP « a battu ses records d’audience : la preuve qu’un réflexe LCP » s’est installé en cas de grosse actualité politique, selon la journaliste venue de BFM TV.
De la fiction, un magazine ciné…
Côté visages connus, la journaliste et essayiste Anna Cabana (BFM TV, i24News) et l’immarcescible Gérard Holtz (qui fait son retour à la télé après près de dix ans d’absence, et à 78 ans) prennent les rênes du Banquet, en prime, le vendredi soir. Une émission dont le titre évoque « Platon ou Astérix », qui mêlera les cultures « élitiste et populaire » et dont le plateau sera installé à Paris 14ᵉ, au restaurant Le Poinçon, dans l’ancienne gare Montrouge-Ceinture. Ils y parleront littérature, cinéma ou idées avec des invités, dont des politiques — Anna Cabana, mariée à l’ex-ministre Jean-Michel Blanquer, sera-t-elle de nouveau visée par des soupçons de manquement déontologique ?
Julian Bugier et Gérard Holtz Photo Corentin Folhen et Sophie Boulet
Alors que la fiction s’invite de plus en plus dans ses programmes (la rediffusion, cet été, de la série Un village français a boosté ses audiences), LCP lance aussi un magazine cinéma, La grande séance, animé un dimanche soir par mois par Julian Bugier (présentateur du 13 heures de France 2 depuis 2021) : autour d’un film (La Haine, Un prophète ou 120 Battements par minute), il misera sur « le temps long pour réfléchir à des enjeux de société soulevés par ces films ». Un autre nouveau format se déroulera dans un train : dans Quai nᵒ 8, un intervieweur mènera un long entretien thématique filmé dans un joli wagon offert par le partenaire SNCF. Les invités confieront leurs combats féministes à Laure Adler (Ovidie, Michelle Perrot…) ; leur vision de la musique comme acte citoyen à Didier Varrod (Laurent Voulzy, Youssou N’Dour…) ; le jour où leur vie politique a basculé à Yves Thréard, du Figaro (Dominique de Villepin…) ou leurs réflexions et connaissances sur le vivant à Daphné Roulier.
Documentaires inédits
Outre ces paris résolument culturels, LCP refond son format LCP le mag qui devient En immersion, avec les coulisses, une fois par mois, d’un dossier d’actualité (Bloquons tout, la commission d’enquête sur l’affaire Bétharram…). La chaîne programmera aussi cet automne des documentaires inédits, consacrés notamment à plusieurs victimes de l’attentat au Bataclan, le 13 novembre 2015 (Vendredi noir, de Daniel Psenny), à la maladie de Charcot (Du côté de la vie, de Myriam Seurat), aux garçons victimes de violences sexistes et sexuelles (Didier, moi et les autres… Les enfants du silence, de Nicolas Bourgouin…).
À l’antenne depuis vingt-cinq ans, forte de soixante-dix collaborateurs et 17,5 millions d’euros de budget, et désormais distribuée sur le canal 8 de la TNT, ainsi que sur les plateformes de Radio France, France Télévisions ou TF1, et sur YouTube (où elle est passée de 300 000 à 430 000 abonnés), LCP entend profiter de sa liberté : sa part d’audience est passée de 0,4 % à 0,6 %. Emmanuel Kessler assure que ce n’est pas l’essentiel, mais ça fait toujours plaisir.