Ce samedi matin, plusieurs salariés de l’hypermarché du centre Alma, à Rennes, ont cessé le travail à l’appel de la CGT et de FO. Ils protestent contre la dégradation de leurs conditions depuis que leur magasin ne dépend plus du groupe Carrefour. Rassemblés devant les portes de l’hypermarché, les employés ont voulu alerter sur la perte d’avantages sociaux et les changements de pratiques de gestion depuis la transformation du magasin en location-gérance. Une forme de grève symbolique, mais soutenue, selon les syndicats, par une large partie du personnel. « Les salariés se défendent, et ils ont raison. Ils y perdent beaucoup, je suis à leurs côtés », a déclaré Fabrice Lerestif, secretaire général FO 35.
Un hypermarché passé en location-gérance en 2022
L’hypermarché du centre Alma, d’une surface de 10 000 m² et comptant environ 230 salariés, a été placé en location-gérance le 1er mars 2022 au profit du groupe Pont de bois, géré par la famille Guillerm. Ce modèle consiste pour Carrefour à conserver la propriété des murs et du fonds de commerce, mais à en confier la gestion quotidienne à une société indépendante, appelée « locataire-gérant », moyennant le versement d’une redevance.
Depuis 2017, Carrefour a engagé une vaste réorganisation de ce type dans toute la France. Au total, plus de quarante magasins ont été concernés, dont plusieurs dans l’Ouest : Rennes Alma, Angers Saint-Serge, Rennes 3 Soleils ou encore Auray De Gaulle. Depuis ce changement de statut, les salariés d’Alma estiment avoir vu leurs conditions de travail et leurs droits se dégrader au fil du temps. En janvier 2025, la perte d’avantages acquis était déjà au cœur de la colère. Dans un article, Ouest-France citait notamment la suppression de la sixième semaine de congés payés, disparition de la prime d’intéressement, réduction des jours pour enfant malade ou encore délais de carence allongés.
Pour les salariés, cette transformation se traduit par une perte d’identité et de protection. Ils estiment désormais travailler « pour une autre société, mais sous le même logo ». Les syndicats parlent, eux, d’une pression accrue sur les équipes, centrée sur les objectifs de rentabilité et la productivité. Toujours selon eux, plusieurs départs, mutations et licenciements ont eu lieu depuis deux ans, et plusieurs dossiers doivent être examinés prochainement par les prud’hommes.
Le passage en location-gérance s’inscrit dans la stratégie nationale de Carrefour visant à alléger ses coûts d’exploitation et à recentrer ses activités. Il serait un moyen de dynamiser les points de vente grâce à une gestion « de proximité », tout en maintenant la marque sur le fronton. Le groupe a récemment annoncé la vente de neuf magasins supplémentaires à d’autres enseignes, dans le cadre des engagements pris auprès de l’Autorité de la concurrence (ADLC). Sept d’entre eux seront repris par Coopérative U, et deux par Intermarché. Ces transferts devraient être effectifs d’ici le premier semestre 2026 et représentent une valorisation totale estimée à 70 millions d’euros.