Le Musée de beaux-arts a de quoi être jaloux. Alors que les portes du théâtre lyrique sont encore fermées, la queue longe la place Stanislas jusqu’à saluer le musée. « On a bien fait d’arriver plus tôt », se félicitent de jeunes filles, longues robes sur le dos, talons aux pieds.

Comme elles, plusieurs centaines de personnes se sont mises sur leur trente et un, pour profiter dans les meilleures conditions de l’immersion offerte par l’opéra de Nancy pour la troisième année consécutive.

« On espère entre 600 et 1 000 personnes dans la soirée » confiait en amont de l’événement Amandine De Cosas, responsable communication. L’objectif est atteint : des balcons au par terre, les sièges sont occupés, et 1 200 personnes sont venues.

Parmi les spectateurs, ils sont nombreux à prendre leurs marques pour la première fois, comme Julien, 19 ans : « Je suis venu car c’est gratuit. Je ne suis pas familier avec l’opéra. Payer sa place, c’est prendre le risque d’être déçu. »

Déconstruire les clichés

« On fait une soirée étudiante pour vous souhaiter la bienvenue tout le reste de l’année. L’opéra n’est pas réservé uniquement à ceux qui le connaissent, qui ont de l’argent ou un statut privilégié », explique Matthieu Dussouillez, directeur de l’Opéra national de Nancy-Lorraine, avant de laisser la scène aux chanteuses d’Orlando, joué en ce moment avec l’orchestre nancéien.

« Le chef d’orchestre était fabuleux. En plus, ils ont joué des musiques de jeune comme les Daft Punk. C’est une bonne idée pour nous convaincre de revenir », explique Valentine. Un avis partagé par Chloé et son ami, qui ont toutes deux craqué pour le Pass Jeune à 7 euros : « Ils nous font des offres très chouettes pour les étudiants. »

Satisfaite de la soirée, Chloé observe : « On croyait que c’était réservé à certaines classes sociales. Ils ont déconstruit le fait que le jeune ne peut pas aller à l’opéra, on reviendra ».